Un médicament qui atténue les souvenirs les plus traumatisants ? Ce n’est pas de la fiction. En effet, le site de Ladepeche.fr rapporte que depuis 2007, le laboratoire du traumatique de Toulouse, rattaché à l’université Paul Sabatier et au CHU, développe ce traitement déjà testé sur une quarantaine de patients dans le monde, à Toulouse, Montréal et Boston. Grâce à une subvention du ministère de la Santé obtenue il y a trois ans, l’étude va s’élargir en France pour comparer l'effet du médicament avec un placebo.
L’antimigraineux en question, c’est du propanolol. Celui-ci administré au patient 90 minutes avant qu’un mauvais souvenir ne soit réactivé pourrait diminuer la charge émotionnelle qui lui est liée.
Dans les années 2000 à Montréal, le professeur canadien Alain Brunet l’a testé pour la première fois sur des individus souffrant de symptômes post-traumatiques chroniques après des agressions ou des accidents de la route. Il est ensuite venu à Toulouse faire part de ses conclusions. Le professeur Philippe Birmes, directeur du laboratoire du stress traumatique de Toulouse raconte : « Avec une séance de traitement au propanolol, il avait montré une diminution de la réactivité physiologique aux souvenirs (transpiration, activité cardiaque…). C'était une première piste, un coup de génie ».
Ce médicament a également été testé sur 200 personnes traumatisées par l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001. Huit personnes ont acceptées le traitement par propanolol et 25 autres ont préféré être suivies pendant six mois sans traitement. Puis les résultats ont été regroupés avec ceux de Montréal et Boston menés auprès de 35 personnes. « Chez les huit patients traités, on a constaté la baisse des symptômes de stress post-traumatique : transpiration, troubles du sommeil, sursauts exagérés… Certains refont des courses, bricolent à nouveau. Ils ne sont pas revenus nous voir depuis. Nous sommes en phase de recherche mais on y croit beaucoup, c'est un espoir pour de nombreux patients : le médicament n'est pas cher, générique et les effets sont là en six séances. Les thérapies comportementales et cognitives sont plus longues et non remboursées, les antidépresseurs endorment seulement le stress », explique le professeur Birmes.
Pour autant, les souvenirs ne disparaissent pas. « Nous avions effectivement peur au départ que les gens oublient. Ce n'est pas le cas. Mais quand ils repensent au souvenir traumatisant, la vivacité émotionnelle est réduite. Ils conservent le souvenir mais n'en souffrent plus », souligne-t-il.
Elodie Cohen Solal
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