Le 6 mars dernier sortait dans les salles de cinéma françaises « The Sessions » de Ben Lewin, qui retrace l’histoire du poète et journaliste tétraplégique Mark O'Brien. Un film qui aborde la question du droit des personnes handicapées à recourir à une assistance sexuelle, une pratique légalisée il y a plus de trente ans aux États-Unis. En France, ce service est assimilé à de la prostitution et malgré les nombreuses tentatives de légalisation, il reste interdit. Ainsi, le comité national d'éthique se prononçait contre cette pratique le 11 mars dernier, estimant qu’il n’était « pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain » et redoutant des risques importants de « dérives ». Face à cette position, Pascale Ribes présidente de l'association Ch(s)ose et vice-présidente de l’Association des paralysés de France (APF), dénonçait alors sur Terrafemina une « décision navrante, rétrograde et très moralisatrice ». Mais alors que le débat est relancé, il semble que les associations qui défendent le droit des personnes handicapées à bénéficier d’un aidant sexuel puissent à nouveau envisager un espoir. En effet, le socialiste Jérôme Guedj, président du Conseil général de l’Essonne, a annoncé sa volonté d’instaurer un service public d’aide à l’éveil sexuel dans son département, décision motivée par des « témoignages électrochocs » de personnes handicapées et de leur famille.
Le député PS souhaite ainsi voir s’organiser « une intervention solide de la puissance publique sur la question de la sexualité des personnes handicapées ». Il prépare ainsi la mise en œuvre du premier service public d’éveil à la sexualité, qui serait assuré par les services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), ces structures médico-sociales pour les adultes handicapés qui sont financées par le Conseil général et gérées par des associations. Un service uniquement voué aux « personnes lourdement handicapées qui n’ont pas la maîtrise de leur corps », explique Jérôme Guedj. Une décision immédiatement saluée par Pascale Ribes, qui le dit dans un entretien au Parisien : « Cette initiative, une première en France, me paraît très intéressante. Il y a un véritable déni de la dimension sexuelle des personnes en situation de handicap. Cela empêche beaucoup d’entre elles de se construire en tant qu’être humain sexué. Qu’une collectivité dépasse ainsi les tabous et tente de répondre à la problématique, c’est très encourageant. L’éveil sexuel, cela passe aussi bien par l’approche de la nudité que par le toucher, les massages et l’acte en lui-même », rappelle-t-elle.
Reste que le député PS marche sur des œufs suite à la décision négative du Conseil national d’éthique. Dans une interview au Parisien, il justifie son initiative en rappelant que « cela n’a rien à voir avec de la prostitution ou de la domination ». L’élu souligne ainsi que les personnes qui pourraient être amenées à pratiquer cette aide « ne recevront aucune rémunération de la personne handicapée. La relation tarifée est bannie ». Les aidants seront en effet salariés d’un service d’accompagnement à la vie sociale, et, dans le cadre de leurs activités, « pourront, si (ils le) désirent et après avoir été formés, rajouter cet éveil ». Jérôme Guedj annonce par ailleurs qu’un « groupe de travail avec les associations sera constitué début avril, et des voyages en Belgique ou en Suisse prévus », pays dans lesquels l'assistance sexuelle est autorisée.
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