En novembre 2010, l’Agence française de sécurité sanitaire faisait état de 500 décès minimum liés au Mediator. Le 12 avril dernier, un rapport d’expertise judiciaire sur cet antidiabétique largement détourné comme coupe-faim a revu ces chiffres nettement à la hausse. Selon le document, le médicament des laboratoires Servier pourrait être à l’origine, à long terme, de 1 300 à 1 800 morts par valvulopathie (déformation des valves cardiaques). À court terme, le Mediator serait également responsable du décès 220 à 300 utilisateurs.
« Ces chiffres ne m’étonnent pas, hélas. Ils confirment notre fourchette », a confié Irène Frachon, la pneumologue qui avait levé le voile sur ce scandale sanitaire, via l'AFP. Et d’ajouter : « Les conclusions sont également conformes à ce que nous constatons avec les témoignages des victimes. Il faut que ce mensonge insupportable cesse, et que Servier assume ! C’est un scandale inouï, dont l’ampleur est un séisme qui a ébranlé le monde médical. » D’ailleurs, selon les conclusions des experts, la commercialisation du Mediator, suspendue en 2010, aurait dû cesser bien plus tôt, entre 1998 et 2003.
Le rapport pointe également du doigt le manque d’informations données aux médecins quant aux « propriétés anorexigènes puissantes » du médicament. « L’absence d’informations lisibles concernant le métabolisme du benfluorex (la molécule du Mediator, ndlr.) et sa parenté avec les anorexigènes, n’a pas permis aux praticiens d’exercer une surveillance adéquate des patients sur le plan cardiovasculaire et pulmonaire », déplorent les experts. Ces derniers notent par ailleurs que le positionnement du Mediator sur le marché a été « principalement celui du diabète. L’effet anorexigène a été systématiquement écarté de la stratégie d’information des laboratoires Servier. »
Commercialisé entre 1976 et 2009, le Mediator a été consommé par plus de 5 millions de personnes. 145 millions de boîtes auraient été vendues. Aujourd’hui dans la tourmente, les laboratoires Servier affirment qu’ils « continueront d’assumer leurs responsabilités et indemniseront toutes les victimes des effets secondaires du Mediator ».
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