Au troisième jour du procès des prothèses mammaires PIP, les débats devraient entrer dans le vif du sujet. Le tribunal correctionnel de Marseille auditionnera aujourd’hui Jean-Claude Mas, le fondateur de Poly Implant Prothèse, accusé de tromperie aggravée ainsi que quatre ex-dirigeants de cette société. Parmi eux, Claude Couty, qui fut le directeur général de PIP est poursuivi pour les mêmes charges que son ancien patron, tandis qu’Hannelore Font, ancienne directrice de qualité, Loïc Gossart, ex-directeur de la production et Thierry Brinon, ex-directeur technique sont, eux, soupçonnés de complicité.
L’audience de ce vendredi est donc très attendue par les victimes qui espèrent avoir un début de réponse quant aux mécanismes de cette fraude et à la personnalité des cinq prévenus qui encourent chacun cinq ans de prison. « Enfin, on va aborder les vrais problèmes. On va enfin entendre Jean-Claude Mas qui va nous expliquer, j’espère, tout ce qui s’est passé, comment cette fraude a pu se produire aussi longtemps », a ainsi confié à l’AFP Joëlle Manighetti, victime d'un cancer du sein, puis d'une inflammation après l'implantation d'une prothèse mammaire PIP. Un avis partagé par Dominique Terrier, qui dit représenter « les femmes qui ont subi un cancer et vécu une reconstruction avec une prothèse PIP ». À la sortie de l’audience de jeudi, elle espérait avoir, dès le lendemain, les réponses aux questions que les plaignantes se posent pour « faire le deuil ».
À noter que jeudi, l’audience a été marquée par de fortes tensions entre les avocats des différentes parties. Maître Jean Boudot, défenseur d'Hannelore Font, aurait en effet mis en cause Maître Philippe Courtois, avocat de quelque 2 800 victimes, le traitant de « malhonnête ». Une accusation qu’Alexandra Blachère, présidente de l’association PPP, déplore. « Ils insultent les avocats de victimes. Ça dépasse les bornes », s'est-elle insurgée. « Ce procès ne devrait pas être le lieu d'un règlement de comptes entre avocats. Encore une fois tout se passe au détriment des victimes», a de son côté noté Murielle Ajello, présidente de MDFPIP, une autre association.
Plus de 5 200 femmes, françaises majoritairement, ont déposé plainte dans cette affaire. Selon les autorités sanitaires françaises, environ un quart des prothèses PIP retirées depuis le début du scandale étaient défectueuses, générant notamment des réactions irritantes, inflammatoires. Délocalisé au palais des congrès de Marseille, le procès du scandale sanitaire PIP devrait durer jusqu'au 17 mai.