Ce sont des mots que les porteuses de prothèses mammaires PIP attendaient depuis l’ouverture du procès, le 17 avril dernier. Mercredi, Jean-Claude Mas, le fondateur de l’entreprise Poly Implant Prothèse, a demandé pardon aux victimes d’une fraude qui aura duré dix ans. Des excuses du bout des lèvres cependant. « J'ai signé une lettre à l'Afssaps, oui je reconnais la fraude, eh bien voilà », a ainsi déclaré le septuagénaire devant le tribunal correctionnel de Marseille, sans préciser la date de son courrier. « J'ai demandé aux patientes de bien vouloir excuser PIP et moi-même. Le syndrome de l'anxiété qui a été décrit est vraiment réel. Je comprends qu'elles souffrent et qu'elles aient peur », a-t-il ajouté, tout en réaffirmant l’innocuité de son gel maison. « Si le gel était dangereux, on le saurait depuis 30 ans », s’est-il justifié.
Persuadé de la bonne tenue de son gel frelaté, l’ex-entrepreneur raconte avoir parfois rencontré et démarché lui-même des chirurgiens, lors de congrès. « Je passais mon temps à leur montrer la différence entre PIP et le gel Nusil (le gel homologué, ndlr.). Ça se voit, il suffit de le toucher ! Quand on coupe, ça montre qu'il y a peu de chances que le gel migre. Et pour le fun, on peut monter sur le gel, vous ne le casserez pas ! » En revanche, il se garde bien de leur indiquer que son produit n’est pas homologué. « Je ne pouvais pas aller jusqu'à dire que ce n'était pas du Nusil. Quand je faisais du commercial, j'ai aussi trompé les chirurgiens », avoue-t-il encore.
Mais en 2008, lorsque les signalements de déchirure se multiplient, l’entrepreneur envisage de modifier ses prothèses en y ajoutant une « barrière ». Pourquoi cette tentative d’amélioration : « Je suis peut-être perfectionniste », répond Jean-Claude Mas à la barre. Un souci de perfection qui aura fait des 30 000 porteuses d’implants mammaires PIP en France, les victimes d’un scandale mondial.