L’air du métro est-il irrespirable ? En plus des odeurs à faire douter de l’hygiène des autres et de la promiscuité gênante aux heures de pointe, un autre désagrément, plus dangereux, perturbe les utilisateurs du métro. Des particules métalliques ultrafines sont présentes dans l’air qu'on y respire. Ces particules, toxiques pour l’organisme humain, peuvent pénétrer dans les cellules grâce à leur finesse. C’est leur petite taille qui les rend si nocives : elles pénètrent par les bronches puis entrent dans le sang par les alvéoles pulmonaires. Elles arrivent rapidement au foie, au cœur, au cerveau…
Ces particules ont été mises en évidence par des chercheurs de l’université de Southampton, au sud de l’Angleterre. Ils ont étudié l’air du métro néerlandais avant de rapporter leurs résultats dans la revue Environmental Science & Technology. Contrairement à celles trouvées dans les zones de trafic intense, en centre-ville par exemple, ces particules ultrafines sont très riches en métaux (fer, cuivre, manganèse, chrome, zinc…). Matthew Loxham, coauteur de l’étude, explique que « les poussières ultrafines retrouvées dans les villes sont généralement considérées à tort comme inoffensives car elles sont composées de matière inerte, sans activité. Mais nous avons remarqué que la poussière des stations de métro est particulière : elle est composée de particules métalliques.».
Les particules métalliques sont hautement toxiques, car les molécules qu’elles génèrent, les radicaux libres, sont très réactives. Ces radicaux libres endommagent l’ADN des cellules, provoquent du stress oxydant et peuvent contribuer au développement de cancers. Cependant, peu d’études ont jusqu’ici été menées sur ces molécules : Matthieu Loxham admet ne pas en savoir assez « pour être en mesure de donner des recommandations concernant leurs taux limites ».
Usagers quotidiens du métro, rassurez-vous. Nul besoin de fuir les rames pour le moment : la qualité de l’air du métro parisien est surveillée depuis 1997. Un système relève toutes les heures la température, l’humidité ou encore le taux de dioxyde de carbone dans trois stations du réseau, Auber, Franklin Roosevelt et Châtelet. Si les particules métalliques ne sont quantifiées que de temps à autre, la RATP encourage lors des renouvellements de matériel roulant le freinage électrique, qui émet moins de particules. Les lignes les plus touchées actuellement sont le RER A, la ligne 1 ainsi que la ligne 14.
Victoria Houssay
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