L’Osphena, un médicament conçu et commercialisé par la compagnie pharmaceutique Shionogi, promet de faire des émules aux États-Unis. Autorisé par la Food and Drug Administration, qui approuve ou non la mise sur le marché de médicaments, la pilule est d’ores et déjà présentée comme un « viagra féminin ». L’Osphena permettrait de lutter contre la dyspareunie, les douleurs que peuvent ressentir les femmes ménopausées pendant leurs relations sexuelles. C’est le déficit œstrogénique lié à la ménopause qui peut causer une sécheresse vaginale, rendant la libido inconfortable.
D’après les informations fournies par Shionogi, qui commercialise l'Osphena, 64 millions d’Américaines sont concernées par la dyspareunie. Le médicament, qui contient des œstrogènes, les aiderait à retrouver leur libido, en assouplissant les tissus et en augmentant les sécrétions. En prenant la pilule une fois par jour, les tissus seraient moins fragiles. Le médicament n’est donc pas véritablement un « viagra » pour femmes, dans la mesure où il n’agit pas sur la composante physiologique du désir. En revanche, il permettrait indirectement d’améliorer la sexualité post ménopause, en réduisant les douleurs. Alors, l'Osphena serait-elle la pilule miracle attendue par des millions de femmes ?
En suscitant un fort engouement médiatique outre Atlantique, la pilule salvatrice a aussi déclenché les foudres de certains. Ainsi, Jennifer Block, journaliste spécialisée dans la santé des femmes, écrit dans Newsweek que l’Osphena serait un coup marketing des laboratoires pharmaceutiques. « La ménopause est autant une maladie que l’adolescence, et elle n’était pas considérée comme un problème avant les années 1960 ». Elle reproche aux pharmaciens de l’époque d’avoir présenté la ménopause comme un « désordre », qui serait pour les femmes une « déchéance ». La ménopause devient un business juteux : en 2001, le marché d’œstrogènes représentait 2 milliards de dollars. Pour l’obstétricienne-gynécologue et bioéthicienne Lorena Wissner-Greene, seules 10% des femmes ménopausées auraient vraiment besoin d’un tel traitement. Autre défaut du médicament pointé du doigt, le risque accru d’infections urinaires. Les femmes testées avaient 14 fois plus de risques d’en être victime après prise de l’Osphena.
Victoria Houssay
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