La gynécologue et psychosomaticienne Michèle Lachowsky est en persuadée : la campagne de sensibilisation lancée par le ministère de la Santé et l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) est étroitement liée au scandale des pilules de 3e et 4e génération. « Cette polémique est l’allumette qui a allumé le bûcher. Nous sommes aujourd’hui encore dans une période de dénigrement des médecins et des firmes pharmaceutiques sans précédent », estime-t-elle. Révélés en début d’année, les dangers de ces pilules ont en effet eu pour conséquence une véritable crise de confiance chez les femmes. Aujourd’hui, la campagne « La contraception qui vous correspond existe » aurait donc pour objectif de réhabiliter la contraception. Destinée aux femmes (et aux hommes) âgés de 15 à 30, elles les invitent à s'informer sur la diversité des moyens de contraception à leur disposition, du préservatif, au stérilet, sans oublier le patch ou l’anneau vaginal, entre autres.
« Grâce aux progrès de la médecine, le choix des contraceptifs s’est étoffé permettant ainsi à celles qui fument, celles qui ont peur d’oublier, celles qui ne veulent pas d’hormones ou encore celles qui veulent une solution discrète de trouver la contraception qui leur convient », se félicite l’Inpes. Et d’ajouter : « Chaque femme, chaque couple, a désormais la possibilité de choisir la contraception qui convient à son mode de vie, sa situation affective ou médicale. » Un point de vue que partage Michèle Lachowsky, rappelant que la prescription d’un moyen de contraception est le résultat d’un dialogue entre une femme et son gynécologue sur son mode de vie et ses désirs (ou non) d’enfant. Mais pour l’Inpes, la diversité des méthodes de contraception est encore trop méconnue et la pilule trop souvent prescrite.
L’institut déplore ainsi un schéma prédominant en France, avec le recours au préservatif en début de vie sexuelle pour les jeunes filles de 15 à 19 ans, puis la pilule dont l’utilisation culmine à 24 ans avant le stérilet après la première grossesse. La campagne de communication qui sera diffusée sur le Web, en radio et à la télévision, en France métropolitaine et dans les Dom-Tom, s’appuie donc sur des témoignages de femmes aux profils variés : « Moi, je n’ai pas de copain, donc pour l’instant, quand j’en ai besoin, le préservatif c’est parfait pour moi », « J’ai envie d’une contraception discrète, comme l’implant par exemple » ou plus simplement « Je fume » et « Je vis dans l’instant ». Dans chaque cas, l’un des douze moyens de contraception existants est proposé.
Également appelé « dispositif intra-utérin » (DIU), il s’agit d’un dispositif contraceptif en cuivre ou hormonal, inséré dans l'utérus. Tous les DIU sont mis en place au cours d'une consultation, par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme. Ils sont simples d’utilisation, confortables et efficaces. Ils peuvent être gardés pendant quatre à dix ans selon les modèles, avec un contrôle annuel et permettent d’atténuer les règles douloureuses. En revanche, les DIU au cuivre peuvent allonger les règles. Si vos règles sont courtes et peu abondantes, la différence sera imperceptible. Quant au DIU hormonal, il peut provoquer les mêmes effets secondaires que les contraceptions contenant des progestatifs : saignements répétés ou au contraire disparition des règles (sans gravité), prise de poids ou poussée d’acné.
Comme leur nom l’indique, les spermicides sont des substances qui inactivent ou détruisent les spermatozoïdes. Discrets, ils peuvent aussi être utilisés quand le partenaire utilise des préservatifs afin d’augmenter leur efficacité. Ils s'achètent sans ordonnance et peuvent servir de lubrifiant vaginal. Ils ne sont pas irritants pour la paroi du vagin, sauf s'ils sont utilisés très souvent (plusieurs fois par jour). À noter qu’ils sont coûteux et peu efficaces seuls ; il est donc préférable de les associer à un préservatif, à un diaphragme ou à une cape cervicale.
C’est un petit bâtonnet cylindrique, en plastique, de la taille d’une allumette, une sorte de réservoir contenant les mêmes hormones que les pilules progestatives. Son efficacité, sa durée d’action (trois ans) et sa simplicité d’utilisation sont ses principaux avantages. L’implant est facile et rapide à poser (par un professionnel de santé), discret à porter et aussi facile à retirer (par un médecin toujours). Une visite chez le médecin est conseillée trois mois après la pose. En dehors de ce contrôle, l’implant ne nécessite aucun suivi particulier. Toutefois, il peut être responsable de prise de poids chez certaines femmes, notamment celles en surpoids ou ayant pris beaucoup plus de 15 kilos pendant une précédente grossesse.
Le préservatif féminin, comme le préservatif masculin, empêche le passage des spermatozoïdes dans le vagin, et par conséquent la fécondation. Il ne nécessite pas de prescription médicale, constitue par ailleurs la seule protection contre les infections sexuellement transmissibles et peuvent être utilisés seuls ou en complément d’une autre méthode. Utilisés correctement, les préservatifs sont très efficaces : seulement 3% d'échecs pour le masculin et 5% pour le féminin. Mais dans le cadre d’une utilisation moins « soigneuse », les échecs peuvent être plus importants, jusqu'à 21% pour le préservatif féminin et 15% pour le préservatif masculin.
Les pilules contiennent des hormones qui ressemblent à celles fabriquées naturellement par les ovaires. Qu’elles soient combinées, c’est-à-dire œstroprogestatives (pilule de 3e et 4e génération) ou microprogestatives, elles contiennent toutes une ou deux hormones similaires aux hormones féminines naturelles. L'efficacité de la pilule est très grande car supérieure à 99,7%. Mais cette efficacité peut être compromise par les oublis (plus ou moins graves selon le type de pilule), les effets indésirables (nausées, diarrhées) qui conduisent à l'arrêter et par l'interaction avec certains médicaments. À ce sujet, Michèle Lachowsky insiste : « En matière de pilule et de contraception en général, le risque zéro n’existe pas. »
Il s’agit d’un timbre contenant une association similaire à celle d'une pilule combinée, qui se colle sur la peau. Les deux hormones (l’œstradiol et le progestatif) pénètrent dans le sang à travers la peau. Le patch est efficace, pratique et discret pour les têtes en l’air qui ont tendance à oublier leur pilule. Les effets indésirables possibles sont les mêmes qu’avec une pilule (nausées, gonflement douloureux des seins, saignements, migraines) et il n’est pas remboursé.
L'anneau vaginal est un anneau flexible en plastique poreux qui contient une association d’hormones (estrogène et progestatif). L’utilisatrice l’insère au fond de son vagin et à la chaleur de son corps, les hormones diffusent à travers la paroi vaginale et passent dans le sang. L'anneau est plus pratique qu’une pilule pour celles qui ont tendance à l'oublier mais peut provoquer les mêmes effets secondaires qu’une pilule combinée.
En silicone, la cape cervicale est une protection réutilisable qui se glisse dans le vagin, au contact du col de l'utérus, pour empêcher le passage des spermatozoïdes vers l'intérieur de l'utérus. Elle peut être mise en place juste au moment du rapport sexuel ou dans les deux heures le précédant. Pour une meilleure efficacité, il est recommandé de l’utiliser en association avec des spermicides et doit être laissée en place pendant huit heures après le rapport sexuel (et retirée au plus tard dans les 24 heures qui suivent le rapport).
Cette protection, en latex ou en silicone, a exactement le même fonctionnement que la cape cervicale. En revanche, sa manipulation est un peu délicate et peut rebuter certaines femmes. Avant d’acheter un diaphragme, il faut déterminer la taille nécessaire (variable selon la femme) avec l'aide d'un professionnel de santé qui connaît la méthode (médecin ou sage-femme) ; mais il existe aujourd’hui des diaphragmes en taille unique, adaptés à toutes.
Un progestatif de synthèse est injecté par piqûre intramusculaire tous les trois mois, par un médecin, une infirmière ou une sage-femme. Pendant 12 semaines, le produit assure ainsi une contraception constante. Très efficace, ce mode de contraception peut avoir les mêmes effets indésirables que l'implant (notamment la prise de poids et les troubles des règles). Problème, une fois injectés, il n’est plus possible de les retirer ; la seule solution est d’attendre que leurs effets se dissipent. Par ailleurs, les progestatifs injectables peuvent provoquer l’irrégularité du cycle, un arrêt des règles ou, ou contraire, des règles très fréquentes.
On qualifie de « naturelles » toutes les méthodes, de la plus simple à la plus sophistiquée, qui visent à identifier la période de l’ovulation afin d’éviter d’avoir des rapports sexuels fécondants. Peu fiables, elles peuvent être satisfaisantes pour espacer les grossesses, si le couple peut se passer de rapports sexuels avec pénétration pendant plusieurs jours et s’il est prêt à assumer une grossesse imprévue. Dans le cas contraire, il est vivement recommandé d’opter pour un autre mode de contraception.