Que diriez-vous si la Sécurité sociale se basait sur vos revenus pour rembourser vos soins de santé ? C'est l'idée qu'ont eu deux économistes de la Paris School of Economics, Pierre-Yves Geoffard et Grégoire de Lagasnerie, pour réformer l'assurance maladie et combler le déficit de la Sécurité sociale.
Si l'idée vous fait d'avance bondir sur votre siège, elle est, pour les deux économistes, pourtant très sérieuse et se base sur le principe fondateur de la Sécurité sociale : que chacun contribue à hauteur de ses revenus.
Dans leur étude, publiée le 16 mai dans la revue Économie et Statistique de l'Insee, les deux économistes tablent sur un principe simple : leur réforme prévoit que les assurés les plus riches soient moins remboursés de leurs actes médicaux (médecins généralistes et spécialistes, médicaments et auxiliaires médicaux) afin que les plus pauvres puissent l'être davantage. Car, pour Pierre-Yves Geoffard, « rembourser tous les assurés indépendamment de leurs revenus, c'est très injuste. »
La solution prônée par les deux économistes pour réduire les sommes restant à charge des assurés les moins riches ? Créer un ticket modérateur (c'est-à-dire la partie des dépenses de santé restant à la charge du patient) annuel qui serait calculé en fonction des revenus. « Si l'on met par exemple une franchise à 0,5% des revenus de l'assuré, un malade qui touche 3 000 euros net par mois devra alors payer, quoi qu'il arrive, 180 euros par an de ticket modérateur. Il ne serait que de 72 euros pour un salaire de 1 200 euros par mois. »
Selon Pierre-Yves Geoffard et Grégoire de Lagasnerie, cette réforme, plus égalitaire envers les assurés les moins fortunés, le seraient tout autant envers les patients ayant de lourds problèmes de santé. Selon eux, il y a aujourd'hui 5% des malades qui payent plus de 1 200 euros sur l'année de ticket modérateur. « Plus vous êtes malade, plus vous payez, et ce indépendamment de vos revenus. Or, 1 200 euros, c'est bien plus lourd pour quelqu'un qui touche le minimum vieillesse que pour un cadre à 3 000 euros par mois. » Une question se pose toutefois : les assurés les plus aisés sont-ils prêts à payer davantage pour se faire soigner ?