Et si la ménopause n’était pas un phénomène naturel mais bien comportemental ? C’est la théorie apportée par des généticiens spécialistes de l’évolution de l’université Mc Master au Canada, lesquels se sont penchés sur ce phénomène bien particulier de l’espèce humaine. En effet, il est important de souligner que si la ménopause, qui intervient en moyenne à 51 ans et concerne 90% des femmes de plus de 55 ans, est un phénomène qui nous touche toutes, chez les animaux, il ne concerne que les mammifères et quelques autres très rares espèces.
Afin d’expliquer cette différence de « traitement », les scientifiques s’opposent depuis nombre d’années. Un premier « clan » explique l’arrêt progressif de la fécondité chez la femme par la vieillesse,la comparant à la baisse progressive de l’ouïe et de la vue alors qu’un autre groupe a une approche davantage évolutionniste. Celle-ci explique la ménopause par l’adaptation progressive de l’espèce à son environnement et à ses besoins, en l’occurrence celle de devoir s’occuper plus longtemps de ses jeunes, lesquels seraient d’année en année de plus en plus dépendants. Cette théorie dite de la « bonne mère » (ou encore « théorie de la grand-mère », un peu moins sexy) aurait longtemps expliqué cet arrêt de la fécondité permettant à la génitrice de s’occuper des derniers nés assez longtemps pour leur permettre de prendre leur envol.
Les résultats de l’enquête de nos amis Canadiens, s’ils sont également évolutionnistes, trouvent en revanche leur explication dans les rapports de couple et plus dans ceux de l’éducation. En effet, selon eux, la fécondité féminine se serait peu à peu tue à la cinquantaine après que des générations d’hommes eussent quitté le foyer, poussés par le fameux démon de midi à la quarantaine. En bref, la ménopause devrait son existence au goût des mâles pour les petites jeunes (et non le contraire, qui voudrait que des hommes quittent leurs femmes plus assez fertiles pour aller se reproduire avec une jeune donzelle).
"Si les femmes pouvaient se reproduire tout le temps, et s'il n'y avait pas de préférence à l'encontre des femmes âgées, les femmes pourraient se reproduire comme les hommes pendant toute leur vie", affirme ainsi le généticien de l'évolution, Rama Singh. La baisse du nombre d’hommes peu à peu disponibles pour la reproduction des femmes âgées aurait donc naturellement ralenti le processus de fertilité chez les femelles mammifères (et donc, nous). Damned !
Pourtant, dans cette lutte sur l'origine de la poule et de l’œuf, le Dr Maxwell Burton-Chellew, biologiste au département de zoologie de l’université d’Oxford, avance la théorie contraire, expliquant : « Je pense que cela fait davantage sens qu’il s’agisse d’une réaction évoluée à la ménopause et que nos ancêtres mâles ont été sages de s’accoupler avec des femelles qui pouvaient produire une descendance. »
Que la ménopause soit due au goût des hommes pour les femmes jeunes ou que le goût des hommes pour les femmes jeunes soit dû à la ménopause, on ne sait, finalement, laquelle des deux théories est la plus triste… Quant au fameux « phénomène cougar » dont on nous rebat les oreilles, nous apprendra-t-on bientôt qu’il a repoussé l’âge de la ménopause ? Cela semblerait a priori logique, et fort adapté à l’allongement de la durée de vie.
Qu’en pensez-vous ?