« Jamais nous n’aurions cru cette situation possible en France ». Ces mots sont ceux de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), dans une lettre adressée à la ministre de la Santé. L’objet de leur angoisse : la pénurie de lévothyrox, un médicament prescrit dans le traitement de diverses pathologies thyroïdiennes. Dans un point effectué il y a quelques jours, l’agence du médicament (ANSM) a en effet reconnu les difficultés des pharmacies à s’approvisionner, depuis plusieurs semaines, auprès du laboratoire Merck Serono, de plusieurs dosages de ce traitement.
« C'est pratiquement le seul traitement disponible en France et notre survie en dépend », a indiqué à la presse Chantal Garnier, l'une des responsables de l'AFMT, rappelant que les génériques proposés dans le passé aux patients étaient « largement sous-dosés » et avaient causé des problèmes. En effet, le lévothyrox est l'un des très rares médicaments « à marge thérapeutique étroite », dont la substitution par un générique n'était jusqu'à présent pas recommandée par les autorités sanitaires, toute variation de sa concentration dans l'organisme, même légère, pouvant entraîner des effets indésirables.
Quoi qu’il en soit, pour faire face à cette pénurie, l'ANSM a décidé d'autoriser « à titre dérogatoire et temporaire » la substitution par un médicament équivalent même lorsque la mention « non substituable » figure sur l'ordonnance. Quant au laboratoire Merck Serono, il a mis en place un dépannage d’urgence pour assurer la continuité des traitements.
En France, près de 3 millions de patients atteints d'hypothyroïdie ou opérés pour des cancers de la thyroïde sont actuellement traités par lévothyrox. La plupart devront suivre ce traitement à vie.
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