Il n'y a pas qu'au Brésil ou en Corée du Sud que la mode est à la chirurgie esthétique. Depuis quelques années, la population vénézuélienne a elle aussi cédé aux sirènes des implants et des injections à finalité esthétique. Pour avoir un plus joli fessier ou des pectoraux gonflés, ils sont des milliers à se tourner vers des cliniques esthétiques et des centres de beauté peu scrupuleux, qui, pour quelques centaines d'euros, leur injectent un gel synthétique appelé bio-polymères. Pourtant, l'utilisation de celui-ci à des fins esthétiques est proscrite depuis 2011 : non protégés par une membrane, les bio-polymères migrent vers d'autres parties du corps, déclenchant des douleurs parfois insoutenables chez les victimes, et parfois leur mort.
Mercedes est l'une des nombreuses victimes des bio-polymères. En 2011, elle suit le conseil de ses amies qui lui suggèrent, pour raviver son couple, de pousser la porte de l'un des instituts esthétiques de Caracas. Pour 5 000 bolivars (600 euros), Mercedes se fait injecter 560 cl de gel dans chacune de ses fesses. Depuis, elle vit un cauchemar. Interrogée par AFP, elle explique : « Je n'ai pas réalisé de quoi il s'agissait, je voulais juste que (mes fesses) soient plus belles. La douleur fait que je ne peux même pas rester assise cinq minutes […] je n'ai pas de vie. »
Selon l'association « Non aux bio-polymères », créée en 2011, 4 000 Vénézuéliens auraient subi des injections de ce gel. Celui-ci aurait déjà causé 15 décès, tous liés à une migration des bio-polymères vers les organes vitaux. Surtout, nombre de Vénézuéliens ne sont pas informés des dangers qu'ils encourent avec ce type d'opération, en particulier les mineurs, autorisés au Venezuela à passer sous le bistouri avant d'avoir 18 ans. « Il y a des cas récents de fillettes auxquelles leurs parents ont offert l'injection de bio-polymères dans les fesses et les seins pour leurs 15 ans, et qui aujourd'hui le regrettent », raconte Astrid de la Rosa, qui a créé l'association « Non aux bio-polymères » après que le gel qu'elle s'était fait injecter eut migré dans le bas de son dos et ses hanches.
Les victimes des bio-polymères attendent maintenant de se faire retirer le gel qui les fait souffrir. Le Dr Daniel Slobodianik, qui officie dans l'Est de Caracas, raconte que depuis 2011, il a reçu « environ 400 patientes » l'enjoignant à les opérer. Sa clinique est l'une des deux seules dans le pays à proposer de retirer les bio-polymères de l'organisme de ses patientes. Une opération coûteuse et surtout dangereuse, dont la Société vénézuélienne de chirurgie plastique (SVCP) ne garantit pas une rémission complète. « Les bio-polymères ne peuvent être retirés complètement, déplore le Dr Slobodianik. Il reste toujours une partie du produit contre lequel l'organisme va lutter […] C'est une pathologie chronique dont 100% des patients avec des bio-polymères vont souffrir. C'est un mal incurable. »
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