«L'année 2014 sera celle de la mise en place des autotests», a annoncé Marisol Touraine jeudi 8 novembre. La ministre de la Santé participait à une audition devant une commission parlementaire sur les financements pour la santé. En dépit de cette annonce, précisons qu’il est pour le moment a priori interdit par la loi d’importer des autotests de dépistage du VIH. Pourtant, beaucoup de personnes y ont recours, et les sites proposant la vente de tels tests de dépistages sont déjà nombreux sur la toile. Avec à la clé, souvent, des arnaques.
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Tim Greacen, directeur de recherche à l’hôpital Maison Blanche à Paris, a réalisé une enquête sur quatre ans, baptisée Webtest, sur les populations achetant ces tests, pour l’heure non autorisés. Il explique dans le JDD avoir reçu «plus de 10.000 réponses d’internautes, ce qui montre l’intérêt des gens pour ces tests». Le côté rapide et pratique, l’anonymat, et la diminution du stress semblent jouer en la faveur de ce type de test, qui, selon un avis du Conseil National du Sida (CNS), pourrait permettre de dépister quelques 4.000 cas sur l’estimation moyenne de 35.000 personnes séropositives en France.
Mais tous ces tests se valent-ils? Les Etats-Unis, seul pays a avoir autorisé pour le moment la vente libre de tests de dépistage à domicile, plébiscitent une solution baptisée « Oraquick » et qui se présente sous la forme d’un test salivaire qui donne des résultats façon « test de grossesse » en une trentaine de minutes. Selon le fabricant, les tests se révélant négatifs ont une fiabilité de 99,8% tandis que les positifs ont, eux, une fiabilité de 92,9%. D’autres études montrent une fiabilité inférieure, en réalité plus proche des 86,5% (lire l’étude Pavie J, Rachline A, Loze B, Niedbalski L, Delaugerre C, Laforgerie E, et al. Sensitivity of five rapid HIV tests on oral fluid or finger-stick whole blood: a real-time comparison in a healthcare setting - PLoS One 2010).
Dans tous les cas, le test doit bien être effectué trois mois après la dernière exposition à un risque de transmission du virus. Avant ce délai, le test ne détectera rien. Avec le test vient une longue notice qui donne une liste de numéros à contacter en cas de résultat positif. D’autres tests notamment celui qui est d’ores et déjà utilisé par certaines associations et professionnels de santé, impliquent le prélèvement d’une goutte de sang avec une lancette, comme pour les tests de glycémie pour les personnes atteintes de diabète. Selon plusieurs études, dont celle citée plus haut, la fiabilité des tests impliquant un prélèvement sanguin est plus importante que celle des test salivaires, et avoisine souvent les 99% trois mois après la dernière exposition au virus.
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D’autres tests en vente sur internet ne sont pas toujours fiables: ainsi, certains tests peuvent avoir un taux de faux-résultats négatifs très élevé quand d’autres ne contiennent pas les bons réactifs et ne détectent rien du tout. Il convient donc de bien se renseigner avant d’acheter un autotest, voire de se tourner vers les associations telles que AIDES ou Médecins du Monde, qui sont habilitées à les pratiquer, et utilisent des dispositifs similaires aux autotests, et qui donnent un résultat fiable en une minute seulement.
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En dépit des annonces de la ministre de la Santé, en France, la mise sur le marché des autotests de dépistage du virus du Sida pourrait prendre du temps. Il faut en effet que les fabricants en fassent la demande et que leur dispositif soit conforme à un certains nombre de normes - un délai dit de «certification» qui pourrait prendre plusieurs mois. Mais une fois ces formalités passées ils seront accessibles à tous, sans ordonnance, en pharmacie.
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