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« Une prison sans murs » : un combat contre l'agoraphobie
Publié le 25 juillet 2011 à 09:00
Par La rédaction
Catherine Hamelle a été victime d’agoraphobie pendant plus de 30 ans. Il lui était impossible d’effectuer les gestes les plus simples du quotidien, comme prendre le métro, au risque de subir de violentes crises d’angoisses, allant de la tachycardie à l’évanouissement. Grâce à sa détermination et à de nombreuses thérapies, Catherine a réussi à se débarrasser de son handicap. Aujourd’hui devenue réflexologue, elle souhaite aider à son tour les personnes souffrantes. Dans son livre « une prison sans murs », elle témoignage de sa douloureuse expérience. Rencontre.
« Une prison sans murs » : un combat contre l'agoraphobie « Une prison sans murs » : un combat contre l'agoraphobie© Stockbyte
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Catherine Hamelle est réflexologue à Boulogne et trésorière de l’association « Les Papillons Blancs des Rives de Seine » - qui accueille dans ses établissements les handicapés mentaux et soutient leurs familles. Avant ça, elle a été directeur financier d’un grand groupe de prêt-à-porter pendant presque vingt ans.

Terrafemina : Comment s’est déclenchée votre agoraphobie ?

Catherine Hamelle : « Au cours d’un voyage à Londres, en 1969. J’avais rendez-vous en début de soirée avec un ancien camarade de faculté, mais avant d’aller le rejoindre, j’avais prévu une petite visite de la capitale anglaise. Au moment d’entrer dans un taxi, j’ai ressenti une violente montée d’angoisse. Mon cœur s’est mis à battre très vite, j’ai commencé à avoir des sueurs, des fourmis dans les mains et les pieds et j’ai senti le malaise arriver. J’ai eu l’impression que si je m’installais dans le taxi, je m’évanouirai pour de bon. Ce fut la première fois de ma vie que j’éprouvais un tel sentiment. Je suis retournée à mon hôtel, tétanisée. Le personnel de l’établissement m’a emmenée à l’hôpital, où j’ai subi différents examens. Bien entendu, les médecins n’ont rien trouvé et m’ont fait une piqûre de valium pour me calmer. »

TF. : Comment se manifeste l’agoraphobie au quotidien ?

C.H. : « Les symptômes de l’agoraphobie se manifestent lorsque l’on se trouve dans un endroit où l’on a l’impression que si un danger arrive on ne pourra pas trouver d’aide ou on ne pourra pas s’en sortir.
Pour ma part, ma peur se déclenchait aussitôt que je quittais mon domicile. Après mon incident à Londres, mes angoisses se sont empirées peu à peu. A cause de mon agoraphobie, j’ai dû arrêter les voyages, même professionnels. Puis, j’ai dû renoncer à prendre ma voiture seule, ainsi qu’à me déplacer en métro. Effectuer tous les gestes du quotidien m’était devenu impossible. Plus je me forçais à faire les choses qui m’angoissaient, plus mes symptômes empiraient. Je devais trouver des subterfuges pour tout de même remplir mes responsabilités. Les seuls moments où je ne faisais pas de crises, c’était lorsque je me trouvais dans un environnement rassurant ou accompagné de ma famille.   
J’ai eu la chance, contrairement à d’autres agoraphobes, de réussir à m’épanouir professionnellement. Je travaillais dans une entreprise gérée par ma famille, l’environnement me permettait donc de me tranquilliser. En revanche, ma vie privée a été très affectée par ma maladie. »

TF. : Quel a été votre déclic pour vous faire soigner ?

C.H. : « Mon déclic a été un incident avec ma belle-sœur en 1993. Toujours très proche de mes neveux et nièces, je me suis sentie d’un coup rejetée par ma famille, pour une raison que j’ignore. Je remercie aujourd’hui ma belle-sœur d’avoir mis de la distance entre nous, cela m’a permis de faire le premier pas hors du cocon dans lequel je m’étais enfermée. A la même période, j’ai fait un rêve très violent que j’ai vécu comme un électrochoc. C’est ce qui m’a poussée à prendre ma vie en main. J’ai suivi différentes thérapies comme l’hypnose, la sophrologie, la psychanalyse et enfin le Rebirth. »

TF. : Parmi toutes les thérapies que vous avez suivies, laquelle a le mieux marché ?

C.H. : « Le Rebirth est la thérapie qui m’a sauvé la vie. Pour moi ce fut une approche plus complète et plus humaine que l’analyse que j’ai effectué avec ma psychanalyste. Mes séances de Rebirth se déroulaient en deux parties. Nous commencions avec ma thérapeute par une analyse de mes rêves et de mon ressenti de certaines situations, puis nous nous concentrions sur des exercices de respiration amplifiée. En réalité, cette technique respiratoire facilite le retour à la conscience des émotions refoulées. En prenant conscience de mes douleurs passées, je suis parvenue à effacer ma peur.    
Cette thérapie a permis ma guérison mais elle ne le permettra peut-être pas à tous. Une de mes patientes m’a confié que c’est l’hypnose Ericksonienne qui l’a guérie de l’agoraphobie. Dans mon cas, cette thérapie n’a pas marché. Chacun doit trouver la méthode qui lui correspond pour soigner son mal-être. »

TF. : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

C.H. : « Peu de temps après avoir entamé ma carrière de réflexologue, j’ai soigné une jeune femme qui souffrait d’agoraphobie. Mon témoignage lui a redonné espoir et elle m’a poussée à le partager avec d’autres. La rédaction de ce livre m’a également permis de mettre le doigt sur le sentiment d’insécurité et d’abandon que j’ai vécu tout au long de mon existence. J’ai enfin pu clore une partie de ma vie et en commencer une nouvelle. »

TF. : Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

C.H. : « Aujourd’hui je me sens guérie, heureuse et épanouie. Grâce à cette « renaissance », je peux faire tout ce que mes angoisses m’avaient empêchées de faire pendant de nombreuses années. J’ai réussi à trouver un équilibre plus juste entre ma vie professionnelle, mes amis et ma famille. »

« Une prison sans murs, comment j’ai vaincu mon agoraphobie » de Catherine Hamelle, chez MICHALON. 190 pages. 16 euros.

Charlotte Charbonnier

Crédit photo : Stockbyte

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