Professeur Antoine Andremont : Ces dernières semaines, les bactéries ont fait couler beaucoup d’encre, de l’E.Coli au printemps à la Klebsiella pneumoniae en passant par la salmonelle de Kentucky cet été. Il faut d’abord préciser que toutes ces bactéries appartiennent à une seule et même famille. Des bactéries qui sont de plus en plus difficiles à traiter car beaucoup d’antibiotiques ont été utilisés pour les combattre pendant un demi-siècle. Elles s’y sont très rapidement adaptées, développant parallèlement une forme de résistance. Ce phénomène ne posait pas de problème tant que l’industrie pharmaceutique poursuivait ses recherches et découvrait sans cesse de nouveaux antibiotiques. Mais depuis le milieu des années 1980, les recherches sont arrêtées. En cause, leur coût et l’épuisement des molécules permettant la création de nouveaux antibiotiques. Peu à peu, les investissements se sont détournés de la recherche antibiotique. Les professionnels de santé ont donc continué à prescrire les traitements existants tandis que la résistance des bactéries se renforçait. Aujourd’hui, cette résistance crève le plafond des antibiotiques.
Pr. A.A : Elles sont rares et difficilement quantifiables mais effectivement, certaines bactéries ne réagissent plus à aucun traitement existant. D’autres ne répondent plus qu’à un ou deux antidotes seulement. Cette impuissance était inenvisageable il y a 5 ou 10 ans, et le simple fait que le sujet fasse régulièrement la Une des journaux témoigne de l’ampleur du problème.
Pr. A.A : Pour l’heure, les antibiotiques sont les seuls traitements capables de traiter les infections bactériennes. Toutefois, il faut en arrêter la surconsommation. On tend à l’oublier mais les antibiotiques sont des « médicaments miracles ». En tant que tel, ils devraient être utilisés avec parcimonie. Les professionnels de santé comme les patients doivent garder à l’esprit la campagne « Les antibiotiques, c’est pas automatiques ». Ils sont inutiles, par exemple, en cas de maladie virale.
Par ailleurs, l’usage généralisé voire abusif des antibiotiques dans l’alimentation animale ou en médecine vétérinaire, entre autres, contribue largement au développement de souches antibiorésistantes. Or, rappelons que la fonction première de ces traitements est, bel et bien, de soigner l’être humain.
Crédit photo : Stockbyte
La klebsiella pneumoniae fait 3 morts à l’hôpital de Massy
Bactérie : « La Klebsiella pneumoniae n'a fait aucun mort »
Bactérie tueuse : les urgences sanitaires s'emparent du dossier
Bactérie E.coli : 7 enfants intoxiqués après avoir mangé des steaks hachés
Légumes contaminés : la souche identifiée est très rare et résistante