Pr. Claire Mounier-Vehier : L’objectif est de sensibiliser et d’initier la population aux gestes qui sauvent : massage cardiaque, usage d’un défibrillateur, appel des secours, etc.
Chaque année en France, 50 000 personnes meurent prématurément à la suite d’un arrêt cardiaque. Le plus souvent, ces arrêts surviennent devant des témoins mais moins de 20 % d’entre eux savent comment réagir. Malheureusement, en pareille situation, agir dès les premières secondes s’avère crucial afin d’éviter la mort cérébrale. En effet, sans prise en charge immédiate, moins de 5 % des victimes d’un tel accident survivent. A l’opposé, 4 victimes sur 5 ayant la chance de se remettre d’un arrêt cardiaque ont bénéficié de ces gestes simples pratiqués par le premier témoin.
Ainsi, pendant toute la durée de la Semaine du Cœur, et pour la quatrième année consécutive, la Fédération Française de Cardiologie organise, avec le partenariat de la Croix-Rouge Française, des ateliers et animations sur l’ensemble du territoire. Le public peut ainsi se former gratuitement à ces gestes de premiers secours susceptibles de sauver une vie. En France, seule 42 % de la population y est formée, contre 80 % en Allemagne par exemple.
Pr. C. M.-V. : Les problèmes cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme de plus de 55 ans, tandis que la proportion de femmes de moins de 50 ans victimes de maladies coronariennes (infarctus du myocarde) ou d’accidents vasculaires cérébraux est passée de 3,7 % en 1995 à 11,2 % en 2005. Aujourd’hui, elles seraient 11,6 % dans ce cas. En cause, trois malfaiteurs : le stress personnel et professionnel, la pilule et le tabac.
En effet, les femmes fument de plus en plus tôt. On estime actuellement à 13 ans l’âge de la première cigarette. Or, le risque lié au tabac est plus important chez la femme que chez l’homme, et il ne dépend pas de l’âge. Ainsi, avant 50 ans, plus d’un infarctus sur deux chez la femme est dû au tabac. De plus, associée au tabagisme, la prise de pilule contraceptive oestroprogestative amplifie considérablement les risques. Pour preuve, il est formellement interdit de prescrire de l’œstrogène à une fumeuse de plus de 35 ans.
Quant au stress, c’est un facteur de risque préoccupant auquel les femmes sont particulièrement exposées. Et pour cause, la grande majorité des familles monoparentales est formée de femmes élevant seules un ou plusieurs enfants, assumant également des responsabilités professionnelles et vivant parfois dans une situation précaire. Autant d’éléments qui, combinés au tabagisme et à la prise de pilule forment un cocktail explosif pour le cœur des femmes.
Pr. C. M.-V. : J’encourage les femmes à prendre le temps de prendre soin d’elles. Pour pouvoir veiller sur leurs proches, elles doivent elles-mêmes être en bonne santé. Elles doivent donc s’informer sur les risques et ne pas hésiter à demander un bilan à leur médecin traitant. On commence à noter des progrès concernant la prévalence de maladies cardiovasculaires chez la femme. Leur nombre tend à se stabiliser. C’est encourageant.
Parallèlement, j’incite vivement tout un chacun à avoir la bonne attitude face à une victime d’accident cardiovasculaire. Aux personnes qui resteraient sans réaction par peur de mal faire, je dirais qu’il est plus dangereux de ne rien faire. Effectuer un massage cardiaque sur un cœur qui bat normalement, par exemple, n’aura aucune incidence. En telle situation, il est également important de s’assurer de la présence, ou non, d’un défibrillateur dans les environs et de ne pas hésiter à s’en servir.
Preuve qu’ils sont vraiment simples, les gestes de premiers secours peuvent être appris dès 10 ans. N’hésitez donc pas une minute, formez-vous ; vous serez peut-être amené à sauver une vie.
Crédit photo : Photodisc
Le site de la Fédération Française de Cardiologie
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