A la veille de la présentation par le gouvernement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, l’UFC – Que choisir tire la sonnette d’alarme. Depuis cinq ans en effet, les dépenses santé des Français croissent deux fois plus vite que leurs revenus. Affichant une augmentation de 16,6 %, elles sont ainsi passées de 571 euros à 665 euros par an.
Parallèlement, « en 2010, la part des dépenses de santé prise en charge par l’Assurance maladie a atteint son niveau le plus bas depuis 1973, occasionnant un impressionnant transfert de charges vers les usagers ou leurs complémentaires santé », souligne l’étude de l’UFC-Que Choisir. Conséquence de ce « désengagement irresponsable de l’Etat, beaucoup de gens n’accèdent déjà plus aux soins », regrette Alain Bezot, président de l’association. Et d’ajouter, « la première catégorie touchée sera les seniors ».
Premières victimes : les seniors
Car si ces derniers sont exposés à des soins plus fréquents, ils subissent, en outre, une tarification des complémentaires santé spécifique à leur grand âge. En 2011, selon l’UFC-Que Choisir, les 60 ans et plus ont ainsi subi une hausse de 11,8 % de leurs cotisations, alors que leurs garanties sont, quant à elles, restées inchangées. Se basant sur l’analyse de 335 contrats, UFC-Que Choisir a d’ailleurs établi que la cotisation des sexagénaires atteignait en moyenne 94 euros par mois et par assuré, soit, 5,8 % de leurs revenus. Un poids dans le budget 2,5 fois plus élevé que pour la population générale dont le taux d’effort s’établit à 2,2 %. De plus, loin de s’alléger, le budget santé des personnes âgées tendrait plutôt à s’alourdir dans les prochaines années, si l’on en croit les projections de l’association de consommateurs, faisant peser un risque de démutualisation massive.
Vers une démutualisation massive des seniors ?
« Selon que le désengagement de l’Assurance maladie se poursuive ou non, les cotisations des séniors augmenteront de 6,7 % à 8,2 % par an d’ici 2020. A cette date, les consommateurs retraités devront consacrer, en moyenne, jusqu’au dixième de leurs revenus pour leur complémentaire santé », prévient en effet Daniel Bideau, responsable de la commission santé à l’UFC-Que Choisir. Pour éviter ce phénomène, « UFC-Que Choisir demande à ce que soit préservé le périmètre d’intervention de l’Assurance maladie et de la solidarité nationale, qui doit cesser son déclin », explique Alain Bezot. Car si notre système de santé est souvent considéré comme le meilleur des pays de l’OCDE, en 2010, les Français ont dépensés 41,9 milliards d’euros pour se soigner, soit 1,1 milliard de plus que l’année précédente et 6,7 milliards de plus qu'en 2006. « Nous sommes donc bien moins lotis qu’on voudrait nous le faire croire, » conclut Daniel Bideau.
Crédit photo : Hemera
Santé : qui va payer les dépassements d'honoraires ?
Dépassements d'honoraires : les spécialistes ont la main lourde
Baisse du remboursement des médicaments à vignette bleue
Santé : 2011, année du renforcement des droits des patients