Thierry Beaudet : Après cinquante ans de combats pour le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, un écart existe toujours entre le droit et la réalité quotidienne. Lorsqu’il y a une distance de 100 kilomètres entre le domicile et le centre d’interruption volontaire de grossesse (IVG) le plus proche, l’accès effectif à l’avortement est très difficile, voire franchement impossible notamment pour les jeunes femmes.
Autre exemple : depuis 2001, l’éducation sexuelle est prévue à l’école à raison de trois séances par an. Dans les faits, ce n’est quasiment pas appliqué. Or, il est évident que l’éducation et la prévention sont essentielles : 12 000 à 15 000 avortements sur des mineures sont pratiqués chaque année en France. Une IVG sur adolescente consécutivement à une grossesse non-désirée est un échec collectif qui nous interroge et qui interroge la société dans son ensemble.
On pourrait citer bien d’autres exemples comme la prise en charge très partielle et très insuffisante de la contraception par l’Assurance Maladie, qui oriente les choix des femmes en fonction de critères économiques et non médicaux. Il y a donc un ensemble de signaux alarmants sur lesquels, en tant que mutualistes militants, nous ne pouvions rester silencieux.
T. B. : Nous demandons aux pouvoirs publics d’agir. L’Etat est le seul à pouvoir décider de meilleurs remboursements de contraceptifs, réorganiser la carte hospitalière ou former mieux les professionnels aux enjeux de santé spécifiquement féminins.
Nous souhaitons que soit mis, dès l’école primaire, l’accent sur l’éducation à la santé, la sexualité, la prévention et l’accès aux soins. Toutes les femmes, à tout âge, doivent pouvoir bénéficier d’un suivi gynécologique complet. Les contraceptifs doivent être intégralement remboursés et il est indispensable de stimuler davantage la recherche afin d’améliorer l’efficacité des contraceptifs et en faire baisser le coût.
Enfin, et c’est essentiel, les pouvoirs publics doivent soutenir véritablement les acteurs associatifs notamment, qui œuvrent auprès des femmes au quotidien.
T. B. : Nous ouvrons l’appel à tous ceux qui veulent le soutenir. D’éminentes personnalités, telles que la philosophe Elisabeth Badinter, l'actrice Isabelle Carré, l'essayiste Caroline Fourest ou encore l'avocate Gisèle Halimi l’ont déjà signé. Des gynécologues (Israël Nisand) et obstétriciens nous accompagnent également sur ce projet depuis l’origine. Nous invitons désormais le grand public à s’y joindre. Nous appelons d’ailleurs les internautes à se rendre sur les sites Internet de la MGEN (mgen.fr) et de la LMDE (lmde.com) pour signer la pétition en ligne.
Surtout, nous voulons agir concrètement. Nous allons travailler avec les collèges de gynécologues sur la question des adolescentes. Nous voulons étudier la faisabilité d’une première consultation gynécologique autonome, gratuite et anonyme pour les 14-18 ans.
T. B. : Nous espérons que la mobilisation, notamment des adhérents de nos deux mutuelles, sera forte. En 24 heures, nous avons déjà recueilli plus de 7 000 signatures en ligne, preuve que notre action rejoint les préoccupations d’un grand nombre de nos concitoyens, hommes et femmes confondus.
T. B. : Les dépenses de santé augmentent, l’Etat se désengage et taxe les mutuelles. C’est injuste et très dangereux. Les renoncements aux soins faute d’argent progressent, en particulier les soins dentaires et optiques. Les étudiants, qui ont souvent peu de moyens, sont effectivement parmi les plus touchés.
Mais il ne faut pas oublier les femmes. L’enquête que nous avons commandée à Opinion Way révèle qu’un quart des Français, en moyenne, a déjà renoncé à des soins. Pour les femmes, la situation est bien plus grave, elle concerne un tiers d’entre elles.
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