La Commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a jugé dans un communiqué rendu public hier, que les molécules destinées à lutter contre la maladie d’Alzheimer présentaient un service médical rendu (SMR) « faible ». Les experts de la HAS consultés expliquent en effet que « le rapport entre l’efficacité de ces médicaments et leurs effets indésirables est jugé faible » et notent même des « effets au mieux modestes ». Après avoir analysé toutes les données scientifiques existantes sur ces molécules, ces experts ont conclu qu’elles permettaient une certaine stabilisation du déclin cognitif, mais seulement pour quelques malades. Plus surprenant, ces médicaments présentent également un « risque de survenue d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (notamment des troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques) » et un « risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication habituelle de ces patients âgés ».
Pour quelle raison alors, la HAS n’a-t-elle pas estimé que l’efficacité de ces médicaments était insuffisante, et non pas seulement faible ? Gilles Bouvenot, président de la Commission de transparence de la HAS, répond que « Alzheimer est une maladie grave et que si le bénéfice de ces médicaments est faible, il existe quand même pour certains patients ». La Commission a donc décidé d’émettre des conditions de prescriptions beaucoup plus strictes. Elle recommande, six mois après l’ordonnance initiale, une « réévaluation attentive » du médecin prescripteur. S’il est ensuite constaté une stabilisation ou un ralentissement du déclin cognitif sans effets indésirables graves, le traitement pourra être poursuivi pendant un an. Si le médecin traitant et les différents spécialistes concluent à une efficacité du traitement, il sera reconduit, sinon, il sera arrêté.
À noter que la dégradation de la note d’efficacité de ces médicaments (l’Exiba, l’Aricept, l’Exelon et le Reminyl) ne devrait cependant pas avoir de conséquences sur leur remboursement. Ils restent donc remboursables à 100%. Elle pourrait en revanche avoir un impact sur les prix de ces médicaments, qui pourraient baisser. La France compte en outre aujourd’hui 800 000 malades d’Alzheimer.
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Alexandre Roux
(Source : Le Parisien)
Crédit photo : Stockbyte
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