Joëlle Manighetti : En effet, je suis tout à fait révoltée par le traitement médiatique de cette affaire. Depuis quelques jours on ne parle que de ce chiffre de « huit cancers détectés », en oubliant de rappeler que le lien entre les prothèses PIP et les cancers n'est pas établi pour l’instant. Notre association (MDFPIP) se retrouve confrontée à des femmes complètement perdues, au bord de la dépression, parce qu’elles ont peur de ne pas pouvoir se faire réopérer à cause de problèmes financiers. Le Mouvement de défense des femmes porteuses d’implants et de prothèses existe depuis mai 2010, avec pour principal objectif de ne pas envenimer la situation, d’éviter le « sensationnel » et de mettre en place un véritable dialogue avec les chirurgiens, les autorités sanitaires et la Sécurité sociale. Actuellement on ne fait qu’affoler les femmes avec des données inexactes.
J. M. : Oui, la Sécurité sociale prendra en charge l’explantation des prothèses défectueuses. Pour les prothèses qui ne seraient pas rompues, il y a moins d’urgence mais l’opération sera également remboursée. La totalité du séjour sera pris en charge si la réimplantation a lieu pendant la même intervention. Cependant, les honoraires du chirurgien pour la repose et les prothèses resteront à la charge des femmes s’il s’agit de chirurgie esthétique. Au moins 70% des chirurgiens sont d’accord pour adapter leurs tarifs, ils vont être incités à éviter les dépassements d’honoraires.
J.M : Les prix diffèrent selon les laboratoires. Dans le cas présent, certains laboratoires offrent les prothèses en cas de rupture, d’autres proposent des prix plus bas, de l’ordre de 250 à 300€. Les chirurgiens ont également négocié avec les fabricants.
J. M. : J’ai été opérée cinq fois à cause du gel toxique contenu dans ces prothèses. Suite à un cancer du sein qui a été traité dans les temps, j’ai subi une ablation puis une reconstruction du sein en novembre 2009. Ma prothèse, de la marque « Poly Implant Prothèses » a provoqué un problème inflammatoire, elle n’était pas rompue, mais la membrane poreuse laissait suinter le gel, elle avait perdu 10% de son volume en 6 mois et du silicone a été retrouvé dans la loge opératoire lors de l'explantation. On m’a donc posé un nouvel implant d’une marque différente en mai 2010, mais l’inflammation s’est reproduite sur celui-ci, et j’ai subi une nouvelle intervention pour nettoyer. Une semaine plus tard, la cicatrisation ne se faisant pas, le nouvel implant a dû être enlevé. Il a fallu trois mois de soins quotidiens pour obtenir la cicatrisation. J’ai bénéficié d’une reconstruction par lambeau dorsal en janvier 2011 mais j’ai refusé qu’on me pose une nouvelle prothèse. Je suis actuellement un traitement de lipo-modelage, ce qui consiste à prélever de la graisse dans mon corps pour reformer ma poitrine. J’ai eu une première intervention en octobre dernier, une nouvelle est prévue en mars 2012. Je fais évidemment partie des 2000 femmes qui ont porté plainte…
J. M. : Oui, d’ores et déjà, l’Afssaps a lancé une campagne de contrôles dans les laboratoires. Les résultats devraient être connus prochainement. Il faut veiller à faire la différence entre l’Afssaps, qui délivre des autorisations de mise sur le marché et surveille les déclarations d’évènements indésirables, et les organismes qui certifient les produits. Le problème avec PIP provenait de l’organisme de certification allemand, le TÜV. Ce dernier annonçait ses visites et ce qu’il allait contrôler, ce qui laissait le temps à l’entreprise PIP de cacher la double chaîne de fabrication et de falsifier les écritures comptables, ainsi que les documents permettant la traçabilité des produits.
Ce qui serait souhaitable, c’est que les contrôles soient inopinés. Suite à ce scandale, les instances européennes réfléchissent à de nouvelles procédures de certification.
Le site du MDFPIP
Le blog de Joëlle Manighetti
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