On en sait désormais un peu plus sur la dyslexie. Car selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm et du CNRS, publiée dans la revue Neuron, ce trouble serait lié à une anomalie du cortex auditif. Cette dernière serait donc à l’origine des trois principaux symptômes de la dyslexie, à savoir la difficulté à manipuler mentalement des sons de la parole, à mémoriser des éléments à court terme et enfin à nommer rapidement des séries d’images. Les dyslexiques, qui représentent « environ 5% des Français » selon Franck Ramus chercheur au CNRS et co-auteur de l’étude, auraient en effet la particularité de découper trop finement les sons de la parole. « Les enfants dyslexiques ont du mal à associer les lettres aux sons correspondants pour apprendre à lire » explique-t-il. Anne-Lise Giraud, directrice d’une équipe Inserm à l’École normale supérieure et neurobiologiste, ajoute qu’ « ils découpent tellement finement les sons qu'ils ne peuvent pas les associer aux graphèmes ». Et « si les dyslexiques découpent de façon plus fine, ils font davantage de petits paquets et ça encombre leur mémoire à court terme » précise-t-elle.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale de 44 personnes adultes, dont 23 dyslexiques, soumises à un test auditif consistant en l’écoute de sons modulés différemment. Ils ont alors analysé la capacité des cortex auditifs droit et gauche à répondre au son qui les stimulait. Alors que chez les non dyslexiques, les deux cortex fonctionnaient correctement, celui de gauche était moins sensible aux sons modulés autour de 30 Hertz chez les individus dyslexiques. Et nous savons que l’analyse du langage se fait dans l’hémisphère gauche du cerveau.
« Jusqu'ici, on ne comprenait pas bien le lien entre les différents symptômes de la dyslexie. Notre découverte pourrait expliquer ces trois aspects de la pathologie avec une seule cause, ce dysfonctionnement du cortex auditif gauche. » conclut donc Anne-Lise Giraud. Mais pour Franck Ramus, il ne faut surtout s’emballer en ce qui concerne des éventuels traitements sur la base de cette découverte. « C'est de la recherche fondamentale. On a peut-être mis le doigt sur quelque chose d'important. Mais c'est tellement nouveau qu'il est difficile de dire à l'avance si ça va aboutir ou pas à des applications thérapeutiques. » a-t-il prévenu.
Alexandre Roux
(Source : lemonde.fr)
Crédit photo : iStockphoto
L'imagerie du cerveau, nouvel espoir pour la dyslexie
Bébé : retour du dépistage précoce des troubles auditifs
Bisphénol A : troubles du comportement chez les fillettes exposées
Éducation : lire et écrire grâce à Twitter
Autisme : les enfants atteints produisent trop de neurones