Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a réagi hier aux récentes révélations sur les composants du gel de silicone utilisé dans les implants PIP. Il semble en effet que la société varoise se soit fournie, jusque mars 2010, en gel de silicone industriel, non conforme pour un usage médical, notamment auprès de la société allemande Brenntag. « Aujourd'hui tout nous laisse penser que ces gels étaient vraiment frelatés », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Je veux tout savoir (...). J'ai demandé des enquêtes à la Direction générale de la santé, à l'Afssaps pour savoir ce qui s'est passé, comment ont été faits les contrôles ».
Contrôler les dispositifs médicaux
La défaillance des tests et contrôles cliniques, tel est l’enjeu de cette nouvelle affaire, quelques mois après le scandale du Mediator. Et comme l’explique clairement le ministre : « À la différence d'un médicament qui peut être contrôlé à tout moment, on ne peut pas prélever une prothèse mammaire et la contrôler », il s’agit donc de se pencher sur les dispositifs médicaux, c’est-à-dire mettre en place une procédure de contrôle, non pas seulement chez le fabricant, mais dans les cliniques et chez les praticiens, parfois même de façon inopinée. Selon une source du ministère de la santé citée par Le Figaro, lors des contrôles, il semblerait que la société PIP ait présenté des prothèses et des gels conformes, et en ait commercialisé d’autres par la suite.
Des fournisseurs qui coopèrent
L’un des fournisseurs de la société PIP, Brenntag, assure que l’atelier de fabrication d’implants était informée de l’usage réservé aux gels de silicone achetés : « Les clients de Brenntag se voient fournir des fiches techniques et cahiers des charges contenant toute l'information nécessaire. Et il était bien confirmé dans nos récépissés de commandes que ces produits étaient exclusivement destinés à un usage industriel », a précisé le groupe.
Mission parlementaire
À l’initiative de la sénatrice Chantal Jouanno, une mission parlementaire va être créée sur l’affaire PIP, « cela va nous permettre d'avoir un regard complet, totalement transversal, sur ce qui s'est passé », a déclaré le ministre lors du Talk Orange-Le Figaro. Celui-ci a néanmoins rappelé qu’aucun lien de causalité n’avait encore été établi entre les implants et les 20 cas de cancers détectés. Le retrait préventif des prothèses reste néanmoins recommandé pour toutes les femmes, afin d’éviter de nouveaux cas de rupture.
Scandale international
En France, cela concerne environ 30 000 femmes qu’il s’agira d’identifier, mais à l’étranger ce sont 300 000 à 400 000 patientes qui seraient porteuses de ces implants défectueux. La Grande-Bretagne, l'Espagne, et les pays d’Amérique du Sud étaient les premiers consommateurs de produits PIP, et des plaintes y ont été déposées. Xavier Bertrand devrait s’entretenir d’ici peu avec ses homologues britanniques et espagnols sur le sujet.
En Australie, une enquête vient d’être ouverte pour évaluer les risques encourus par les 4500 femmes porteuses d’implants PIP. L’autorité de santé locale, la Therapeutic Goods Administration (TGA), équivalent australien de l’Afssaps, doit rencontrer des experts prochainement.
(Source : le figaro.fr)
Crédit photo : AFP
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