Ils s’appellent Monsieur Muscle, Monsieur Chic, l’Aventurier, le Vétérinaire, le Geek ou le Rocker, entre autres. « Ils », ce sont les célibataires exposés dans les vitrines (oui, vous avez bien lu) de la première boutique AdopteUnMec.com, inaugurée en grande pompe mardi soir, dans le Ier arrondissement de Paris.
Réduits à l’état d’objets le temps d’une soirée acidulée et colorée, une dizaine de « Ken » grandeur nature bombent le torse et affichent leurs plus beaux sourires, enfermés dans des boîtes à taille humaine, lesquelles mentionnent leurs principales caractéristiques et précautions d’utilisation. On apprend ainsi que le Commandant :
- « adore dire "Armement des toboggans" »,
- qu’il « fait 2 000 kilomètres en 2 heures facile »,
- qu’il « est sexy dans son uniforme »,
- que « les décalages horaires ne lui font pas peur »
- enfin, qu’« avec lui, vous serez sur un petit nuage ».
Pour une meilleure longévité de ces produits, la marque AdopteUnMec, qui les garantit 100% sans plomb, sans colorants ni conservateur ni arôme artificiel, va jusqu’à conseiller aux shoppeuses de « les sortir délicatement de leur emballage », de les « nourrir trois fois par jour » et de faire attention au surmenage. Les mecs ont en effet besoin « d’un repos d’au minimum 10 heures par jour ». Enfin, parce que de tels beaux gosses susciteront à coup sûr la convoitise, il est recommandé de ne pas laisser son acquisition « à la portée des copines ».
Vous l’aurez compris, aussi réelle soit-elle, cette boutique n’est autre qu’un immense coup de pub, initié le 1er avril dernier. Ce jour-là, le site de rencontres annonçait, par voie de communiqué de presse, l’ouverture imminente de son premier magasin. Une information immédiatement reprise par de nombreux journaux. « Nous nous sommes aperçus que l’idée plaisait, qu’elle pouvait faire le buzz. C’est ainsi que ce qui n’était au départ qu’une blague est devenu un vrai projet, qui se concrétise aujourd’hui », se félicite Thomas Pawlowski, directeur de la communication chez AdopteUnMec.com.
Résultat : un espace où les femmes sont, une fois n’est pas coutume, aux commandes d’un processus de séduction d’un nouveau genre. Elles peuvent ainsi s’adonner à une séance de shopping-rencontre, choisir parmi les garçons qui ont souhaité se mettre en tête de gondole, ou dénicher dans les rayons le profil qui leur convient parmi des centaines de célibataires. Sur deux étages, la boutique propose également, au sous-sol, un espace lounge dédié aux premières rencontres autour d’un café ou d’une partie de baby-foot.
Bien sûr, les bien-pensants s’offusqueront (comme souvent), jureront que cette boutique rappelle le quartier rouge d'Amsterdam, qu’elle s’apparente à de la traite d’êtres humains ou encore que la quête de l’amour ne permet pas tout. Certes. Mais c’est sans compter sur les litres d’humour versés pour assurer le succès de cet événement, dont l’une des marraines n’était autre que l’humoriste Bérengère Krief, plus connue pour son rôle de Marla dans la mini-série de Canal + « Bref ». Quant à la possibilité que les hommes puissent se sentir humiliés (ou victimes d’une quelconque traite), un seul regard, hier, à leur mine réjouie suffisait à balayer l’idée.
Pour preuve, ils étaient nombreux à trépigner d’impatience à l’idée de prendre place dans les boîtes et de voir, pour quelques minutes, des centaines de regards braqués sur eux. Arnaud Dimard, inscrit depuis 2009 sur le site, était de ceux-là. « C’est une excellente initiative, juge cet agent de sécurité de 24 ans. Si c’était à refaire, je répondrais oui sans hésiter. C’est une expérience drôle et fun, qui correspond à 100 % à l’état d’esprit décalé d’AdopteUnMec ».
Au total, pas moins de 500 personnes, parmi lesquelles de nombreuses personnalités des médias, ont fait le déplacement pour visiter le « showroom ». Reste désormais à convaincre les Parisiens, membres ou non du site de rencontres. Mais pour se forger une opinion, ils devront faire vite. La boutique ne sera ouverte que pendant dix jours dans la capitale, avant de faire étape à Bruxelles, Lausanne, Toulouse et à Lyon. Elle sera de retour à Paris au terme de son périple.
What's your price : Polémique autour d'un site de rencontre
Des petites amies à louer sur loueunepetiteamie.com
Internet et sentiments, la Love Machine numérique
Jean-Paul Gaultier pour Coca-Cola light au Trianon