1. L'Express, journal machiste qui s'assume
Choix éditorial étonnant, L'Express a décidé de célébrer la Journée internationale de la femme en déplorant la souffrance des hommes. Souffrance qu’engendreraient Marcela Iacub et son livre polémique sur DSK, les sextrémistes de Femen et... les lectrices de 50 nuances de Grey. Toutes poursuivraient en effet le même dessein : se servir du sexe comme d'une arme destinée à dompter voire à dominer les hommes qui, du coup, sont aujourd'hui complètement « déboussolés, paumés, désemparés ».
Maladresse ? On aimerait y croire si cette Une ne constituait pas un flagrant délit de récidive : on se souvient en effet, en octobre dernier, d’une Une de l'hebdomadaire pour le moins malhabile sur Hollande et les femmes qui « lui gâchent la vie ».
2. Ségolène Royal, sexiste malgré elle
Voulant défendre la cause des femmes entrepreneuses, Ségolène Royal s'est laissé aller à des propos quelque peu maladroits qui lui ont valu d'être épinglée par une association féministe. La future vice-présidente de la BPI évoquait son désir d’aider les femmes à créer leur boîte et, au détour de son argumentaire, a cru bon d'expliquer que les femmes seraient de meilleures gestionnaires d’entreprises que les hommes car elles sauraient « gérer le budget de la maison », afin qu’il « reste toujours quelque chose au bout du compte pour les enfants ». Des propos jugés « machistes, caricaturaux et stéréotypés » par l’association Future, au Féminin, qui dénonce une sexualisation des compétences ne s’appuyant sur rien.
Est-ce la proximité de la Journée internationale de la femme qui a calmé les ardeurs des habitués du machomètre cette semaine ? L’opération le 8 mars c’est toute l’année, lancée ce jeudi par François Hollande et Najat Vallaud-Belkacem, suffira-t-elle à faire régresser le machisme ordinaire ? Nos espoirs sont minces lorsque l’on s'intéresse à la longue liste de sorties sexistes sur laquelle les Chiennes de garde se sont appuyées pour élire le macho de l’année.
La récompense a été décernée à Pierre Blazy. Cet avocat est primé pour avoir regretté l’élection d’une femme, Anne Cadiot-Feidt, bâtonnier du barreau de Bordeaux, estimant qu’elle ne pouvait à l’évidence avoir les épaules assez large pour endosser de telles responsabilités : « Est-ce qu’une femme a les capacités pour le faire ? Je ne veux pas critiquer, mais vous n’avez pas d’avocates qui soient des avocates de renom, connues comme de grandes pénalistes, ça n’existe pas... Est-ce qu’une femme a les capacités pour supporter le poids de toutes ces affaires ? »
Un « machisme tout à fait banalisé », déplore la présidente des Chiennes de garde Marie-Noëlle Bas qui note que, comme le démontre le reste du palmarès, les petites phrases sexistes recensées ces derniers mois émanent souvent de politiques ou de journalistes qui « se sont lâchés avec la parité au gouvernement ». Le macho d’argent des Chiennes de garde revient donc cette année à l’écrivain-journaliste Patrick Besson a qui l’on doit cette remarquable sortie : « La parité au gouvernement est une "partouze straight". Najat Vallaud-Belkacem l'ingénue libertaire, Fleur Pellerin la geisha intellectuelle, Christiane Taubira le tanagra guyanais, Delphine Batho l'associative hitchkockienne, Yamina Benguigui la Shéhérazade cinématographique... Il ne manquerait pas grand-chose à Cécile Duflot pour être au niveau de ses consœurs du gouvernement. Un nouveau couturier ? Ce n'est pas le tout de trier les ordures, il faut faire pareil avec les vêtements ». Classe. Il est suivi du non moins élégant Lionel Luca qui s’était illustré pour différentes sorties, rebaptisant notamment Valérie Trierweiler « Valérie Rottweiller » ou croyant drôle de dire : « À Fadela Amara, j'ai toujours préféré Rachida Dati, d'abord parce qu'elle est moins moche… »
Grâce ce genre de personnage, en effet, la fête des femmes, c'est toute l'année.