Les clins d’œil et les boutades de certains ne sont pas du goût de tous. Vendre une poupée gonflable étiquetée « g*y » dans la boutique en ligne d’une grande enseigne pouvait difficilement passer. Ce produit, digne des étals d’un rayon de farces et attrapes, a choqué les internautes et entraîné son retrait de la vente, selon un article du Dailymail.
Et pour cause. Dans la description de ce produit aussi inutile que laid, on peut lire : « Bien qu’on ne puisse pas dire grand-chose sur sa tenue vestimentaire, votre meilleur ami gay gonflable est prêt à vous donner des conseils de mode, vous dire si vos fesses sont grosses, etc. » Le produit, lancé par un vendeur tiers sur le site Tesco et sur Amazon, promet « un confident patient, prêt à vous écouter en toutes circonstances », haut de 50 cm, il ne risque pas en effet de vous contredire, « ce qui en fait le cadeau le plus drôle que vous puissiez offrir à une amie ou à une collègue ! », lit-on sur le site.
Pour Ben Summerskill, directeur du collectif pour les droits des homosexuels de Stonehall, « c’est comme essayer de vendre de la glace à des Esquimaux. Je ne vois pas pourquoi une femme irait acheter une poupée gonflable gay alors qu’il y a deux millions de véritables spécimens disponibles en Grande-Bretagne, et la plupart d’entre eux sont beaucoup plus beaux que cette pâle imitation ».
Grotesque, mais le plus difficile à comprendre reste les motifs de mécontentement avancés par les internautes, twittos et associations homosexuelles. Ce ne sont pas vraiment les clichés enfilés comme des perles sur le packaging de la poupée qui font grincer des dents (« Il adore faire du shopping », « il donne de super conseils de mode », « il aime danser », « il sait écouter »), même s’ils prêtent à sourire, « c’est une honte que Tesco ait choisi de représenter les hommes gays de façon si stupide ignorant la diversité réelle de la communauté homosexuelle », regrette un porte-parole de la chorale masculine homosexuelle de Londres. Ce groupe de 200 personnes, de tous âges et d’horizons très divers a surtout été interpellé par l’astérisque remplaçant la lettre « a » dans la fiche du produit : « Ce qui est plus décevant encore, c’est que leur site Internet ait censuré le mot « gay », alors que ce terme n’est ni offensif ni risqué. » De fait le chœur a fait une proposition à la chaîne de supermarchés Tesco : « Nous voulons chanter dans l’un de leurs magasins, ou même inviter leurs managers à un concert pour qu’ils voient à quoi ressemblent vraiment les gays. »
Cette polémique intervient quelques jours après une première levée de boucliers contre Tesco, Amazon et l’enseigne Asda, qui avaient mis en vente sur leurs pages Web des costumes de « psychopathes » d’un goût douteux selon les associations de lutte contre les maladies mentales. L’un, en uniforme de prisonnier orange, porte une muselière sur la bouche et une seringue à la main ; l’autre, en camisole, est couvert de sang et tient un hachoir dans la main. Les critiques avaient alors fusé, dénonçant la stigmatisation des malades mentaux.