«La musique perdue [des textes antiques] l’est elle pour toujours? Bien sûr que non», s'exclame, enthousiaste, Armand D’Angour, musicien et professeur d’études classiques à l’Université d’Oxford. Pendant plusieurs années, l’objet de ses recherches était de ramener à la vie la plus ancienne chanson qui nous soit parvenue dans son intégrité. Inscrite sur une stèle en marbre, la chanson, composé par un certain Seikilos (le texte est connu sous le nom d’Epitaphe de Seikilos), est courte, et comprend les vers suivants:
«Tant que tu vis, brille !
Ne t'afflige absolument de rien !
La vie ne dure guère.
Le temps exige son tribut.»
Au dessus du texte, évidemment, pas de portée avec une clé comme dans la musique que nous connaissons. À la place: un système de notation ancien, basé à la fois sur le rythme de la diction, et un principe fondamental de la composition grecque antique - dans le Grec ancien, la voix montait sur certaines syllabes et redescendait sur d’autres. Les accents sur les lettres, explicitaient encore davantage la mélodie.
Restait à trouver les instruments utilisés, leur accordage, le tempo, bref tout ce qui pourrait permettre d’avoir un concert véritablement authentique. Et c’est en se basant notamment sur la connaissance qu’avaient les grecs des mathématiques qu’Armand D’Angour y est parvenu. Ptolemy, aux second siècle après notre ère, a fourni quantité d’écrits dans lequel il catalogue quantité de ratios mathématiques définissant les gammes et les intervalles. Y compris sous des catégories du type: «sonne étranger», ou «sonne comme la musique d’ici».
Et l’on se rend compte que les «tempéraments» (écarts entre les notes) employés alors n’étaient pas ceux d’aujourd’hui, si bien que la musique peut faire penser à certaines mélodies venues d’orient. Avec ces indications, le reste de ses recherches et en construisant lui-même un instrument similaire à une Cithare - instrument caractéristique de la Grèce antique - il est parvenu à interpréter la musique suivante :