Et si la victoire faisait plus de mal que la défaite? Hier à Edimbourg, dans un stade de Murrayfield plein à craquer, la France a remporté son troisième match du Tournoi des Six Nations et a relevé, un peu, la tête après la déroute de Cardiff, face au Pays de Galles. Le coq français bat de l’aile mais est toujours sur pied pour pouvoir remporter le Tournoi. Samedi prochain, le XV du Trèfle viendra également à Paris dans cet optique-là. Mais la finale annoncée pourrait bien tourner court tant les Verts semblent en ce moment au-dessus de Bleus bien palots. Alors qu’à Dublin, les coéquipiers de Brian O’Driscoll infligeaient une raclée à des Italiens peu entreprenants, le XV de France lui, bafouillait, une nouvelle fois, son rugby, et s’imposait sans grand motifs de satisfaction derrière le mur d’Hadrien.
Que la victoire fut compliquée. A se demander même, comment les Ecossais, pourtant assez faibles techniquement, ont fait pour perdre ce match qu’ils maîtrisaient. La faute à une passe mal ajustée de leur demi-d’ouverture, interceptée par Yohan Huget qui mettait les cannes et allait aplatir 80 mètres plus loin. Jusqu’à ce fait de jeu qui allait changer le cours du match, le XV du chardon avait fait un match plutôt bon, profitant des maladresses françaises, sur le premier essai, et de combinaisons offensives tranchantes, à l’image du deuxième essai. En parlant de combinaisons offensives, les Bleus semblaient ne pas en connaitre. A croire que le XV de France de Philippe Saint-André n’en travaille pas forcément à l’entrainement durant la semaine.
Alors pourquoi une victoire ferait plus de mal ? Pour les problèmes de remises en question. « Forts » de cette victoire, le XV de France peut encore lutter pour remporter le Tournoi des Six Nations, mais ça serait occulter les énormes chantiers en vue de la Coupe du monde qui l’attend dans un an et demi. Samedi, à Edimbourg, les choix de PSA peuvent être discutés. Brice Mach au talon a raté six lancers et n’a pas donné satisfaction, tout comme les avants, à l'instar d'une deuxième ligne perdue sur le terrain. La charnière, Machenaud et Plisson, a elle aussi été en dessous de son niveau en club… Philippe Saint-André va devoir faire des choix assez rapidement sous peine de subir une énorme désillusion en 2015, objectif fixé par la Fédération.