« Toutes les filles et les femmes iraniennes ont affaire à des restrictions et ne peuvent pas choisir librement leurs tenues. Malgré ces limites, elles expérimentent parfois de brefs moments de liberté. Cette page a pour vocation d'enregistrer ces moments », écrit Masih Alinejad sur la page Facebook « Libertés furtives des femmes iraniennes » qu’elle a crée début mai. L’initiative de cette célèbre journaliste iranienne aujourd’hui exilée au Royaume-Uni a été couronnée de succès: 93.000 personnes ont « liké » la page, malgré le blocage de Facebook dans la république islamique. Selon le blog « Nouvelles d’Iran » sur le site du journal le Monde, une grande partie de ces photos postées sur la page montre des femmes sans voile devant des écriteaux prônant le strict respect du port du hijab.
Selon le journal italien la Reppublica, le voile reste un sujet sensible en Iran. En 1936, le Shah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi, avait interdit le port du voile, car il était alors considéré comme un symbole du passé. Mais en 1979, la Révolution Islamique a pris le parti contraire - et l’une des premières mesures de l’Ayatollah Komeyni a été l’obligation pour les femmes de porter le voile. L’article 638 du code pénal iranien, révisé en 1996, stipule ainsi que les femmes qui apparaissent en public « sans porter une couverture religieusement acceptable » sont passibles d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux mois. Auparavant, les femmes risquaient une simple amende. Ainsi, l’actrice iranienne Marzieh Vafamehr s’est-elle fait arrêter en 2011 pour avoir joué dans le film australien « My Tehran for Sale », car elle y apparaît à de nombreuses reprises sans le fameux bout de tissu.
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En réaction au succès de l’initiative de Masih Alinejad, entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de personnes aux opinions très conservatrices ont manifesté mercredi dans les rues de Téhéran. Le défilé avait pourtant été interdit par les autorités. Comme le rapporte le New York Times, les manifestants exigeaient du gouvernement qu’il fasse arrêter toutes les femmes qui ne seraient pas dûment voilées. Pourtant, cela ne semble pas dans les intentions du nouveau président Iranien Hassan Rouhani. La seule réaction du gouvernement a d'ailleurs été de rappeler que cette manifestation n'avait pas été autorisée. Contrairement à son prédécesseur, le nouveau leader iranien a promis à de nombreuses reprises de donner davantage de « libertés individuelles ». Il avait également promis de suspendre une police spéciale, la Gashte Ershad, mise en place en 2005 pour faire respecter le code vestimentaire obligatoire pour les femmes, suscitant beaucoup d'espoirs.