Alors que s’ouvrait la conférence internationale sur le climat de Durban en novembre dernier, une étude de PriceWaterhouseCoopers montrait que la croissance –même faible- des 20 pays les plus riches du monde s'est faite de façon très polluante. « La reprise économique, lorsqu’elle a eu lieu, a été très polluante », estime ainsi Olivier Muller, directeur Energie et climat de PwC. En cause, la croissance rapide des économies émergentes comme la Chine, le Brésil ou la Corée, la baisse du prix du charbon par rapport au gaz et le recul du déploiement des énergies renouvelables. « Alors que les pays du G20 avançaient trop lentement dans la voie de la croissance verte, elles vont désormais dans la mauvaise direction », estime-t-il. Bilan : non seulement cette croissance ne permettra pas de limiter le réchauffement climatique, mais elle passe à côté d’opportunités économiques et sociales pourtant prometteuses. Des opportunités dans la construction et l’utilisation de bâtiments (conception des matériaux, rénovation, etc) qui sont encore responsables du tiers des émissions mondiales de CO2, mais aussi dans les transports, l’eau, les déchets, et bien sûr l’énergie.
De fait, les plans de relance initiés dans plusieurs pays après la crise de 2008 n’y ont consacré qu’une faible partie de leurs budgets, soit 15% sur les 2 800 milliards de dollars cumulés début 2009. La Chine arrive en tête des pays qui investissent dans les technologies vertes (434 milliards) suivie par les États-Unis (118 milliards) et la Corée (60 milliards). La France y a consacré 6 milliards de dollars et a promis 600 000 créations d’emplois, mais il est difficile de faire un bilan aujourd’hui. Le rapport du PNUE* publié en février dernier et intitulé « Pour une économie verte » a évalué les investissements nécessaires au plan mondial à 1300 milliards de dollars par an, soit 2% du PIB à investir dans dix secteurs clés d’ici 2050. Reste que les Etats décideront ou non de faire ces choix et de lancer les financements innovants nécessaires au développement « vert » des pays du Sud.
Que faut-il alors attendre du Sommet « Rio +20 », qui se tiendra en juin prochain au Brésil, vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992 ? Pour l’heure, les Nations Unies, qui attendent entre 35 000 et 50 000 participants et plus d’une centaine de chefs d’Etat à Rio, ont fixé deux grands objectifs : faire progresser l’économie verte et la gouvernance du développement durable.
*Programme des Nations Unies pour l’Environnement
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