Si les États-Unis ou la Grande-Bretagne ont clairement conscience des enjeux de sécurité et de défense attachés aux dérèglements climatiques, la France fait preuve, en revanche, d’un « scepticisme très fort » sur la question. C’est le constat formulé dans un rapport parlementaire par les députés André Schneider (UMP) et Philippe Tourtelier (PS), membres de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale. Si le réchauffement climatique, estimé dans le rapport à 0,7 % sur les 50 dernières années, « ne fait pas spécifiquement apparaître de nouveaux risques environnementaux ou sociaux, il les exacerbe », expliquent-ils, après avoir auditionné des dizaines de spécialistes pendant un an. Ils jugent que les catastrophes naturelles comme les ouragans, les inondations ou les tsunamis « seront vraisemblablement non seulement plus nombreuses mais également plus dévastatrices », avec des conséquences sociales et géopolitiques majorées.
La situation climatique devrait engendrer une multiplication des conflits liés à la possession de la terre, à l’accès à l’eau (aggravation du problème hydrique au Proche-Orient), aux sources d’énergie, et provoquer des crises alimentaires et des migrations massives (de l’Amérique du Sud vers les États-Unis, en raison de sécheresses plus longues). L’Afrique sera, d’après eux, le continent le plus affecté en raison de la poussée démographique et de la difficulté des États africains à « répondre aux attentes de la population », avec une probable augmentation des guerres civiles, une prolifération des « systèmes mafieux » (comme les Seigneurs de la guerre en Somalie) et une « montée de l’intégrisme islamique ». Avec la proximité du continent européen, cette situation pourrait impacter les intérêts de l’Europe et de la France. Les députés citent en exemple le modèle d’adaptation des forces américaines « aux défis de l’environnement international », tandis que les milieux de la Défense française sont « très peu sensibilisés à cette question ».
Ils plaident, en définitive, pour une recherche de solutions concertée sur le plan international dans le cadre privilégié de l’ONU et pour une « mutualisation des renseignements et des actions » au sein de l’Union européenne pour anticiper et « planifier le monde de demain ».
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : AFP
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