Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans le monde pour les créations textiles, avec une production annuelle de plus de 20 millions de tonnes en 2003/2004.
Or cette matière première requiert énormément d’eau pour sa culture. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 200 000 litres d’eau sont consommés pour la fabrication d’une tonne d’articles textiles. Lorsque l’on sait que les modèles prédictifs sur le changement climatique font se coïncider zones où l’eau manquera et zones de production, l’on peut prévoir que cette pression sur l’eau ne va faire que s’accentuer.
Autre impact majeur lié au coton : l’utilisation de pesticides. Un chiffre évoque à lui seul l’étendue de l’enjeu : le coton représente seulement 5% de la surface agricole mondiale, mais compte pour 25 % de l’utilisation globale de pesticides. Ces produits chimiques impactent fortement les écosystèmes et la santé des hommes qui les manipulent. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), les pesticides sont la cause de 220 000 morts et de 25 millions de cas d’empoisonnement par an dans les pays du Tiers Monde.
Qui plus est, l’utilisation d’OGM (20% des plantations de coton dans le monde) pose des questions de dépendance et de surendettement des petits exploitants face aux entreprises semancières.
Quant aux autres matières fréquemment utilisées comme matière première dans la confection de lingerie (polyester, etc.), ce sont autant de matières issues de la pétrochimie.
À cela s’ajoutent les autres produits chimiques utilisés tout au long du process de fabrication, notamment pour la teinture : métaux lourds, colorants azoïques…
Par ailleurs, lors de la transformation des matières premières en usine, de nouveaux problèmes sociaux peuvent voir le jour comme la faible rémunération des ouvriers ou encore les conditions de travail difficiles à la fois sur le plan physique et sanitaire.
Pour arriver jusqu’à nos penderies, les pièces sont souvent importées de Chine et d’Inde, entraînant ainsi des impacts environnementaux négatifs causés entre autres par l’empreinte carbone liée aux transports et les suremballages.
Toutefois, l’empreinte environnementale ne s’arrête pas à nos portes. Le lavage représente une part majeure des impacts sur l’ensemble du cycle de vie (eau consommée, écotoxicité liée aux rejets de lessive, émission de C02 pour le chauffage de l’eau).
Certains se sont emparés de ce sujets. C’est le cas d’Eco-Boudoir et de la BBC qui ont mis en lumière ces aspects cachés de la fabrication de la lingerie dans une campagne publicitaire où des mannequins ôtent leur lingerie car elles refusent de porter des tissus dont la fabrication est nuisible pour l’environnement et les hommes. Sous l’adage « Mieux vaut être nue que mal accompagnée », la campagne choc intitulée « More than pretty knickers », a ainsi pour objectif de sensibiliser le public et de faire évoluer le secteur de l’industrie textile.
Depuis plusieurs années, on note l’émergence de nombreuses marques de lingerie bio et éthiques ou de collections spécifiques lancées par de grandes marques. Leurs atouts sont nombreux : les créateurs créent des produits respectueux de l’environnement grâce à de nouvelles matières premières variées : la fibre de bois, la fibre de maïs, le bambou, le chanvre… qui ont l’avantage d’utiliser peu d’eau ou encore d’être biodégradables. De plus les teintures utilisées sont naturelles et moins polluantes. L’intégration de la logistique peut également être limitée, à l’instar de la marque PACT qui se fournit dans des zones de production de coton proches du lieu de fabrication (moins de 100 miles), pour réduire le transport. Par ailleurs, les emballages font également peau neuve et sont le plus souvent faits à partir de papier recyclé. Ils sont réutilisables ou compostables, et les étiquettes sont taillées dans des chutes de tissus.
Au-delà de la bonne intention, il est possible de s’assurer du sérieux des entreprises par la certification par des labels délivrés par des tiers organismes. Par exemple, côté sanitaire, Oeko-tex qui garantit l’absence de substances nocives au cours de la fabrication. Sur le plan environnemental plusieurs labels certifient la production biologique des cultures : Ecolabel Européen, Ecocert. Enfin, le label Max Havelaar assure des conditions de travail et une rémunération décentes pour les producteurs.
Par ailleurs, un certain nombre de marques font perdurer des savoir-faire centenaires, tel que la dentelle, notamment en Normandie ou dans le Pas-de-Calais, pour rester en France. Cet aspect « culturel » n’est pas neutre et a des conséquences positives sur l’emploi local.
Ainsi, après avoir fait le choix de matières premières respectueuses de l’environnement, il ne reste plus qu’à définir votre style et à adopter l’entretien durable de vos dessous en les protégeant lors des lavages dans des pochettes conçues à cet effet.
Crédit photo : Comstock
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