La mort d’Oussama Ben Laden en mai 2011 a porté un coup aux finances du noyau central d’Al-Qaida, qui lutte pour sa survie dans les montagnes pakistano-afghanes, comme l’assurent des sources concordantes. Privé de son chef historique dont les liens avec les riches familles du Golfe assuraient une manne importante, le mouvement terroriste est aux prises avec de graves problèmes de financement, et a revu ses plans à la baisse.
Problème de succession à la tête de l’organisation terroriste
Un responsable d’un service de sécurité à Peshawar (nord-ouest du Pakistan) a confié à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que des disputes à propos d’argent avaient éclaté entre Oussama Ben Laden et son actuel successeur, l’égyptien Ayman Al Zawahiri. Le premier apportait les fonds, le second dirigeait les opérations. Le nouveau leader d’Al-Qaida « n’a pas le prestige, la confiance, les connexions. Il doit encore s’imposer en tant que leader. Dans le Golfe, les liens familiaux, tribaux sont fondamentaux », analyse Riad Kahwaji, directeur de l’Institut d’analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe (Inegma) à Dubaï.
Rivalité Al-Qaida / talibans ?
Le temps des levées de fonds glorieuses, débutées par Ben Laden pendant le djihad antisoviétique en Afghanistan, est révolu. Les donateurs du Golfe continuent de financer le djihad antiaméricain dans la région mais préfèrent remplir les caisses des talibans afghans plutôt que celles d’Al-Qaida, comme l’indique une source talibane pakistanaise interrogée par l'AFP à Karachi. Une autre source talibane ajoute que le mouvement terroriste « a encore de l’argent » mais que désormais, « il donne à peine de quoi survivre » au TTP, le Mouvement des talibans du Pakistan.
Le début de la déroute ?
Problèmes financiers, attaques de drones, manque de leadership et moral en berne, le tableau d’Al-Qaida dressé par Richard Barrett, coordinateur de l’équipe de surveillance de l’organisation terroriste aux Nations unies, est bien sombre. Il est complété par le récit de volontaires au djihad de retour des zones tribales pakistanaises du Waziristan, qui font état de cellules peu nombreuses, désorganisées, désorientées. M. Barrett souligne la marginalisation du mouvement induite par « l’absence de rôle » qu’il a joué « dans les changements profonds qui affectent le monde arabe ». Avec le Printemps arabe, les mouvements islamiques ont réintégré le jeu politique et peuvent envoyer des membres au parlement ou même au gouvernement, précise M.Kahwaji. Le début de l’obsolescence pour Al-Qaida ?
Élodie Vergelati
Avec AFP
Al-Qaida : un sympathisant arrêté, trois bombes en préparation
Terrorisme : Al-Qaida bientôt en Libye ?
11 septembre : Al-Qaida diffuse une vidéo pour célébrer les 10 ans des attentats
Terrorisme : Le Patriot Act reconduit par le Congrès américain
Un film sur la mort de Ben Laden sème la discorde aux États-Unis