Une équipe de chercheurs russes a réussi à atteindre le lac Vostok, enfoui sous près de 4km de glace, en Antarctique, après deux décennies de travaux de forage, selon l’agence RIA Novosti. Le gouvernement russe n'a pas encore confirmé l'information. Le porte-parole de l’Institut russe de recherche scientifique pour l’Arctique et l’Antarctique, Sergueï Lessenkov, a expliqué que l’achèvement des travaux de forage engagés en 1989 va permettre de réaliser « une étude scientifique fondamentale » sur les changements climatiques. Le lac, situé à 3.768 mètres de profondeur sous la calotte glaciaire du pôle Sud, long de 250 km et large de 50 km, pourrait contenir des formes de vie inconnues à ce jour, après être resté isolé de la surface pendant des centaines de milliers d’années.
Des chercheurs britanniques et français ont néanmoins exprimé des réserves sur le bénéfice climatologique de recherches issues d’ailleurs de travaux à leurs yeux polluants. Pour Jean Jouzel, du Commissariat à l’énergie atomique, « l’intérêt climatique est quasi nul », étant donné qu’il est impossible d’obtenir des informations à Vostok à partir de 3300m. Même son de cloche du côté du professeur Martin Siegert, directeur de l'École de géosciences de l'Université d'Edimbourg, pour qui « le simple fait de pénétrer dans le lac ne permet d'obtenir ni mesures ni échantillons, et c'est justement ce dont on a besoin ». Ce qui inquiète surtout la communauté internationale, c’est le risque de pollution induit par le forage. C’est pour éviter une catastrophe écologique que les opérations avaient été suspendues à plusieurs reprises dans les années 90, et que l’équipe française s’était retirée du projet en 2000. Le Pr Siegert doute que l’utilisation de kérosène autour du trou de forage, sur près de 3km avant d’atteindre la surface du lac, soit sans danger pour l’environnement. Le prestige national russe plutôt que la préservation de la nature, telle est l’interprétation de M.Jouzel.
Élodie Vergelati
Avec AFP
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