La nouvelle Constitution élaborée par le gouvernement de Bachar-al-Assad pour réformer démocratiquement le pays a été soumise au vote de la population dimanche. Plus de 14 millions de Syriens étaient appelés à se prononcer par référendum, mais dans les régions rebelles, où les opposants au régime subissent une répression violente depuis onze mois, le vote n’a pas pu être organisé. Les militants pro-démocratie, qui veulent le départ de Bachar-al-Assad, avaient appelé au boycott de ce scrutin.
Que propose la nouvelle Constitution ?
Les réformes proposées par le chef de l’Etat, censées démocratiser la Syrie, sont loin de convaincre les militants. La nouvelle Constitution met fin à un demi-siècle de monopartisme en supprimant l'article 8 sur la prééminence du parti Baas, et introduit le « pluralisme politique ». Néanmoins, le chef de l’Etat reste le maître suprême à bord, puisque c’est lui qui désigne le Premier ministre sans se plier à la majorité parlementaire, et il a le pouvoir de stopper un texte de loi.
Al-Assad ne prépare pas sa succession
La Constitution laisse tout le temps à Bachar al-Assad de réfléchir à son avenir, lui qui tient déjà les rennes du pouvoir depuis douze ans. En effet le président devra se limiter à deux septennats, mais cette mesure ne prendra effet qu’à partir de 2014 : ce qui lui laisse la possibilité d’occuper potentiellement son poste pendant encore seize ans.
Plus de 50 morts dimanche
Cette consultation populaire, qualifiée de « plaisanterie » par Washington, n’a pas atteint les quartiers pilonnés de Homs et les régions rebelles, d’après des sources gouvernementales, qui ont évoqué par ailleurs « une grande affluence dans les bureaux de vote ». La répression aurait tué 57 personnes dans la journée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Dans le quartier de Baba Amr à Homs, où ont été tués mercredi dernier Rémi Ochlik et Marie Colvin, deux journalistes occidentaux, les obus se déversaient encore au moment où les premiers bulletins tombaient dans les urnes. C’est dans ce quartier que la Française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, tous deux blessés la semaine dernière, attendent d’être rapatriés. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a assuré que tout était mis en œuvre « pour parvenir à rapatrier » la journaliste du Figaro. Une « ouverture » des négociations avec les autorités et les opposants syriens a été évoquée pour aujourd’hui.
(Source : Sud-Ouest)
Crédit photo : AFP
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