Alors que Florence Cassez entamait, le 8 décembre dernier, sa sixième année dans une prison mexicaine, l’espoir renaît pour elle et sa famille. Le rapporteur du cas de la Française devant la Cour suprême, le juge Arturo Zaldivar, a recommandé mercredi sa libération « immédiate et absolue ». En cause, de multiples irrégularités dans la procédure ayant conduit à sa condamnation à 60 ans de prison.
Une bonne nouvelle, d’autant plus que le Mexique ne devrait pas s'opposer à cet ordre constitutionnel, si l'on en croit Max Alberto Diener, sous-secrétaire d'Etat mexicain aux Affaires juridiques et aux Droits de l'Homme. « L'ordre mexicain ne peut s'opposer à l'ordre constitutionnel, ne peut s'opposer aux lois, a-t-il ainsi déclaré à CNN. Par conséquent, si le moment venu, les juges ou le pouvoir judiciaire, en faisant leur évaluation, considéraient que certains points portent atteinte aux droits de l'accusé, il faudra agir en conséquence. »
La vie de Florence Cassez bascule le 8 décembre 2005. Elle est alors arrêtée sur une route menant à Mexico, en compagnie d’Israel Vallarta, son ex-compagnon, soupçonné par la police de diriger Los Zodiacos, un groupe qui aurait à son actif une dizaine d'enlèvements et un meurtre. « Ce jour-là, j'ai vécu l'enfer : menottée, frappée, humiliée, emmenée de force, on a fait de moi ce qu'on voulait, racontait-elle en décembre dernier. Malgré tout j'ai eu la force de crier mon innocence. Je continue parce que dès le départ j'ai été mise à l'épreuve, une épreuve innommable dont on ne sort pas indemne. » Après plus de 20 heures passées, seule, dans un car de la police, la jeune femme est livrée aux caméras de télévision au petit matin. La police fédérale met ainsi en scène la libération « en direct » de trois otages dans le ranch d’Israel Vallarta.
Lors de la procédure qui s’ensuit, les droits de la Nordiste ne sont pas davantage respectés. « Ni mon droit à la présomption d'innocence, ni les contradictions des témoins à charge, ni mes droits consulaires, ni l'absence de présentation immédiate au ministère public, n'ont été pris en compte », affirmait-elle alors.
Une version que confirme aujourd'hui le rapport du juge Zaldivar. Les policiers qui ont arrêté la Française en 2005 ont, en premier lieu, violé ses droits consulaires en ne contactant pas immédiatement le Consulat français. Par ailleurs, le fait que Florence Cassez « n'ait pas été mise à disposition immédiate du ministère public » constitue également un non-respect de ses droits constitutionnels, souligne le rapporteur. Autant de violations qui ont laissé la Française, aujourd’hui âgée de 37 ans, « totalement sans défense ». Elles ont « entaché toute la procédure et ont eu une conséquence dévastatrice sur d'autres droits fondamentaux comme la présomption d'innocence et une défense adéquate ».
Selon l'avocat mexicain de Florence Cassez, Maître Agustin Acosta, la proposition de libération sera soumise le 21 mars au vote des cinq juges composant la Première chambre de la Cour suprême, dont son rapporteur, Arturo Zaldivar. Au moins trois d’entre eux devront approuver le projet pour que la Française soit libérée.
Crédit photo : AFP
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