Le tribunal militaire égyptien a abandonné les poursuites contre le médecin Ahmed Adel, faute de témoignages concordants. Celui-ci était accusé d'« atteinte à la pudeur et non-respect des ordres », par une jeune égyptienne de 25 ans. Arrêtée avec une vingtaine d’autres sur la Place Tahrir, le 9 mars 2011, Samira Ibrahim a attaqué en justice le médecin de la prison où elles ont été incarcérées pendant quatre jours. D'après les témoignages recueillis par Amnesty International, ces femmes auraient subi des violences sous la garde de l’armée –coups, décharges électriques, fouilles au corps-, mais aussi des « tests de virginité », et des menaces de poursuites judiciaires pour prostitution. Celles-ci n’obtiendront sans doute aucune réparation pour les sévices subis.
Soupçons sur la justice militaire
Cette affaire avait provoqué un tollé et terni l'image de l'armée au pouvoir en Egypte depuis le départ du président Hosni Moubarak. Le jugement, très attendu, devait faire la preuve de la capacité de l’armée à s’amender et à « rendre des comptes », regrette Heba Morayef, représentante en Egypte de l'organisation Human Rights Watch (HRW), « Ce jugement montre combien la justice militaire est politique et manque d'indépendance », déclare-t-elle à l’AFP.
Le juge, cité par l'agence de presse Mena, affirme n’avoir subi aucune pression et avoir pris sa décision « en son âme et conscience » en fonction des éléments du dossier. Un dossier trop mince, selon l'avocate du médecin accusé, Me Huwayda Mostafa Salem : « le dossier à charge n'était pas solide dès le départ » et était « porté par la pression médiatique ».
Une farce sur la torture
En 2011, les tests de virginité pratiqués sur des manifestantes par l’armée ont été dénoncés comme une forme de torture et de violence sexuelle, par des ONG égyptiennes et internationales. Certains responsables militaires avaient alors répondu que ces tests devaient empêcher les manifestantes emprisonnées d’accuser des soldats de viol.
Le 27 décembre 2011, la Cour administrative du Caire a ordonné à l'armée de ne plus procéder à ces tests.
Déboutée le 11 mars, Samira Ibrahim a qualifié de « farce » l’issue de ce procès, « le fait que l'affaire ait été jugée par un tribunal militaire est un désastre », déclare-t-elle à l’AFP.
Crédit photo : AFP/Archives/Place Tahrir
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