Le Conseil National Syrien (CNS), principale formation de l'opposition en Syrie, a appelé à une réunion d’urgence de l’ONU après la découverte d’une cinquantaine de corps de femmes et d'enfants dans le village de Homs, haut lieu de la contestation, assiégé par l’armée syrienne pendant plus d’un mois. Les cadavres carbonisés, égorgés ou poignardés d’au moins « 26 enfants et 21 femmes » d’après le militant Hadi Abdallah qui s’est adressé à l’AFP, ont été photographiés et filmés, par les militants antirégime, qui accusent les milices gouvernementales, les « chabbiha », de « massacre ». « Certaines femmes ont été violées avant d'être tuées », a poursuivi H. Abdallah. Une vague de panique a conduit des centaines de familles à fuir le quartier de Karm al-Zeitoun « par crainte de nouveaux massacres », selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Déni
Du côté de la télévision officielle, on remet la responsabilité du carnage sur « les gangs terroristes ». Le ministre syrien de l'Information Adnane Mahmoud accuse l'Arabie saoudite et le Qatar, pays critiques de Damas, d'être les « complices » de ces « gangs », qui cherchent à « susciter des réactions internationales contre la Syrie ».
Un jour de deuil
Une journée de deuil a été décidée par les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la mobilisation contre le régime Assad sur le terrain. Les commerces, les écoles, les universités et les routes seront fermés ce mardi dans tout le pays. Le CNS réclame d’urgence une « intervention militaire internationale et arabe », la mise en place « d'une zone d'exclusion aérienne » et des « frappes » contre l'appareil militaire du régime syrien. Mais l’opposition de la Russie et de la Chine paralysent toujours le Conseil de sécurité de l’ONU, qui n’est pas parvenu à prendre une résolution condamnant la répression depuis le début de la contestation, il y a un an.
L'ONU piétine
L'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan s'est rendu à Damas en fin de semaine dernière où il a présenté à M. Assad une « série de propositions concrètes » pour mettre un terme aux violences. « La mort de civils doit s'arrêter maintenant », a-t-il déclaré à Ankara lundi.
De son côté la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé la Chine et la Russie à changer de position sur la Syrie, et demandé à « toutes les nations » de soutenir le plan de la Ligue arabe pour le règlement de la crise. Mais le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov n’a pas plié. Selon lui, les sanctions unilatérales, les tentatives pour favoriser un « changement de régime » à Damas et le soutien à l'opposition armée constituent des « recettes risquées d'ingénierie géopolitique qui ne peuvent aboutir qu'à une extension du conflit ».
Etat d’urgence humanitaire
Depuis le début de la crise, les violences en Syrie ont fait plus de 8.500 morts selon l'OSDH. Le président de la commission d'enquête internationale sur la Syrie, Paulo Pinheiro, a fait remarquer que les organisations humanitaires ne disposaient que d’un accès limité aux populations et aux villages qui se trouvaient pourtant dans une « situation désespérée ». Il a souligné que beaucoup de gens étaient morts « en l'absence de traitement médical approprié et de fournitures essentielles ».
« La situation humanitaire est indescriptible, les habitants manquent totalement d'eau et d'électricité et les communications sont coupées », a déclaré un militant à l'AFP.
Crédit photo : AFP/Capture d'écran de YouTube montrant le 12 mars 2012 les corps de personnes massacrées à Homs
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