Professeur Sylvia da Silva-Anoma : La Côte d’Ivoire est un pays en voie de développement avec tous les avantages et les inconvénients que cela implique. Les indicateurs de santé nous montrent une mortalité infantile et maternelle très élevée. On dénombre 543 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (soit 50 fois plus qu’en France) et 43 décès de nouveau-nés pour 1 000 naissances, c’est 20 fois plus que dans des pays comme la France, le Japon. Cette mortalité est multifactorielle, liée à l’environnement, l’accès à l’eau potable, l’habitation, l’alphabétisation. Elle est plus élevée dans les zones rurales. Les causes de décès des mères sont dominées par les hémorragies. Une grande partie de cette mortalité est donc évitable. La prévention est fondamentale pendant la grossesse.
S. d.S-A. : Le principal problème en Côte d’Ivoire c’est l’accessibilité aux soins. Les meilleures compétences sont concentrées dans les grandes villes. Il n’y a pas de structure de haut niveau dans les campagnes et donc des disparités importantes dans la prise en charge. Bingerville se trouve dans la banlieue d’Abidjan. C’est une zone en pleine explosion démographique, qui draine la population défavorisée des alentours, et où il n’y a pas de structure sanitaire de haut niveau. Nous devions rétablir l’équité.
S. d.S-A. : L’ambition de cet hôpital est de rendre l’accès aux soins de qualité plus équitable. C’est une structure qui sera dotée d’équipements très modernes. On a misé sur les compétences les plus élevées dans le domaine de la santé. Des médecins très qualifiés dans les domaines de la pédiatrie et ses spécialités, de la chirurgie-pédiatrique, de l’anesthésie-réanimation, de la gynécologie-obstétrique vont exercer dans cet hôpital mère-enfant. Il disposera de tout ce qu’il faut pour prendre en charge les pathologies de la mère et de l’enfant. Désormais nous aurons les compétences et aussi les moyens techniques. En tout il y aura 100 lits avec la possibilité d’extension. Nous allons développer les structures ambulatoires et les consultations extérieures pour accroître le nombre de patients. Par ailleurs, les soins seront gratuits pour les plus pauvres et proportionnels aux revenus.
S. d.S-A. : Nous sommes en train de récolter les fonds pour la construction : tous les jours, de nouveaux dons arrivent à la fondation. Nous détenons pour l’instant 50% du montant, le projet est bientôt finalisé. Nous pensons pouvoir poser la première pierre dans deux ou trois mois. Il faudra ensuite compter un an pour la construction. C’est un rêve que nous allons enfin pouvoir concrètement réaliser.
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