Geneviève Garrigos : Dans ce rapport nous avons compilé les témoignages de réfugiés syriens dans les camps de la frontière jordanienne, ceux-ci sont venus compléter les histoires déjà recueillies aux abords des frontières avec le Liban et la Turquie. Tous concernent les mauvais traitements infligés par les forces du régime –l’armée et les groupes paramilitaires qui servent le pouvoir- contre des manifestants de l’opposition. Néanmoins nous avons recueilli également des informations à propos d’exactions commises par les militants antirégime, que nous n’avons pas encore pu vérifier ni recouper. Malheureusement nous ne sommes pas autorisés à entrer sur le territoire syrien, alors qu’il serait nécessaire d’aller vérifier les rumeurs. En Syrie, la désinformation est légion, des deux côtés…
G. G. : En effet l’utilisation de la torture est endémique en Syrie, depuis les années 70. Mais depuis un an l’intensité des arrestations est sans commune mesure par rapport à la répression des années 80. La torture est systématique, nous avons relevé une trentaine de méthodes différentes, certaines sont anciennes, d’autres ont été remises au goût du jour. De l’immobilisation dans un pneu, à l’électrocution, les supplices sont indescriptibles, et les violences sexuelles, humiliations et viols avec objets, fréquents.
G. G. : Non, les premières victimes sont les manifestants pacifistes. Dès mars 2011, des Syriens qui défilaient avec des bougies dans les mains pour signifier qu’ils n’étaient pas armés ont été arrêtés et torturés. Les autorités s’attaquent également à l’entourage des blogueurs, contestataires ou journalistes recherchés : toute la famille est menacée, susceptible d’atterrir dans l’un des centres de détention improvisés –gymnases, aéroports, ou lieux secrets-, et de ne jamais être retrouvée.
G. G. : Quand l’armée fait une descente dans une rue, -comme on l’a observé à Deraa par exemple-toutes les maisons sont fouillées, les hommes et leurs fils sont emmenés, et parfois les femmes et leurs très jeunes enfants. Depuis le 4 février dernier, date du rejet par la Russie et la Chine de la résolution présentée au Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin aux violences en Syrie, le président al-Assad profite du champs libre pour réprimer massivement : durant cette période, environ 1800 personnes ont été tuées, dont 300 enfants et 200 femmes.
G. G. : De notre côté nous continuerons à nous mobiliser pour que ces victimes des tortures et exactions ne soient pas oubliées. Mais une condamnation de l’ONU reste la seule issue, qui permettrait de saisir la Cour Pénale Internationale de la Haye (CPI). En attendant, il faut compter sur les sanctions économiques pour asphyxier le régime et le forcer à négocier.
Lire le rapport d’Amnesty international sur la Syrie
La journée de mobilisation d’Amnesty international pour la Syrie
Crédit photo : AFP/Funérailles à Kafr Nabl, dans la province syrienne d'Idleb. Image tirée d'une vidéo postée sur YouTube le 4 mars 2012.
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