Alors que l’Assemblée nationale tunisienne, élue fin octobre et dominée par le parti islamiste Ennahda, connaît d’âpres débats autour de la rédaction de la nouvelle constitution du pays, plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Tunis pour réclamer l’application de la charia dans le futur texte. « Notre Coran est notre constitution ! », « Ni laïque ni scientifique, la Tunisie est un Etat islamique », criaient les manifestants. L’appel à la mobilisation a été lancé par plusieurs groupes islamistes et de la mouvance salafiste, qui veulent faire de la loi islamique la « source principale de la législation ».
C’est l’inquiétude qui prévaut chez Haifa Ben Abdallah, une militante du Pôle Démocratique Moderniste (coalition de partis du Centre et de la Gauche). « C'est le parti islamiste au pouvoir qui est derrière tout ça », s’alarme-t-elle, invoquant les appels à la mobilisation lancés par la chaîne et radio étatique et coranique, Zitouna. « Ennahda est en train de mettre en place sa feuille de route et cherche à justifier et à concrétiser son programme d’islamisation de la Tunisie par la mobilisation de la rue », estime-t-elle. « Je crains que nous soyons en train de perdre une civilisation. Nous nous sommes débarrassés d’une dictature policière pour tomber dans une dictature religieuse qui est pire. Il n’y a qu’à considérer l’historique et la réputation de l’Islam politique, et ses valeurs qui divergent de celles promues par l’Islam, une religion de tolérance, de science et de paix ».
Elodie Vergelati
(Source : lefigaro.fr)
Crédit photo : AFP/Archives/Tunis
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