La mort du patriarche égyptien de l’église orthodoxe copte survenue ce samedi semble être un véritable coup de massue pour les chrétiens d’Égypte. En effet, la santé du patriarche âgé de 88 ans s’est détériorée ces derniers mois en raison d’une série de maladies chroniques. Elu patriarche en 1971, Shenuda III était plus qu’un simple homme d’église. Il était une véritable figure charismatique au sein de sa communauté, à laquelle appartient une grande partie des chrétiens du pays.
Depuis la révolution égyptienne qui a été à l’origine du départ de Hosni Moubarak, les attaques perpétrées contre la communauté chrétienne vivant sur le sol égyptien a connu une augmentation spectaculaire. Sa mort est donc survenue en un moment critique pour la communauté copte, laquelle doit faire face à la montée de l’islamisme, favorisée par la victoire électorale des frères musulmans aux dernières élections législatives.
Ces derniers ont néanmoins présenté leurs condoléances au peuple égyptien en général et aux coptes en particulier. L’un de ses leaders, Saad El Katany, président du parlement, a décrit Shenuda comme « un homme respecté par les chrétiens coptes et les musulmans » pour son amour pour l’Egypte et son opposition farouche à l’annexion de Jérusalem par l’Etat Hébreu.
Rappelons cependant qu’en 1981 Shenuda subit un exil interne au monastère de Wadi Natrik, au milieu du désert, suite à un conflit qui l’avait opposé à l’ex président Anar al Sadat. Toutefois, ses relations avec le rais déchu, Hosni Moubarak étaient au beau fixe et le patriarche allait jusqu’à soutenir ouvertement la candidature de Gamal Moubarak à la tête du pays.
Cependant, il convient de noter que la dernière phase de son pontificat a été très controversée. Le patriarche ingère dans les affaires du pays et défend les postulats théologiques les plus controversés, rejetant catégoriquement le divorce.
De son vrai nom Nazir Gayed, Shenuda était le cadet de sa famille. Diplômé d’Histoire et après un passage au Séminaire Orthodoxe copte en 1954, il débuta en tant que moine au monastère de El Suryan. Il dirigea l’église orthodoxe copte après la mort de Papa Kirilos VI et adopta le nom de Shenuda.
Aujourd’hui son décès est durement ressenti par la communauté copte égyptienne. Sa mort remet sur la table la question de la convivialité musulmano-chrétienne dans un pays fortement marqué par une montée islamiste sans précédent.
Les coptes se veulent sereins, mais craignent déjà de voir leur communauté être la cible d’éventuels attentats terroristes dans les jours à venir.