Les dix derniers policiers et miliaires séquestrés par les Farc, les plus anciens otages de Colombie, ont retrouvé la liberté lundi. En captivité depuis 12 à 14 ans, ils ont été remis à une mission humanitaire venue les chercher en hélicoptère au coeur de la jungle.
L'appareil, prêté par l'armée brésilienne au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et au collectif civil « Colombiens pour la paix » présidé par l'ex-sénatrice Piedad Cordoba, les a déposés à l'aéroport de Villavicencio, à 110 km au sud de Bogota, où les attendaient leurs familles dans un salon privé. Otage des Farc depuis juillet 1999, le sergent de la police José Libardo Forero, a confié sa surprise en retrouvant sa famille : « Une fille de quatre ans que j'avais laissée et que je ne reconnais plus. Mon papa avec plein de cheveux blancs. Ma mère n'a pas changé, elle est faite en chêne. Et mon épouse qui est encore plus belle qu'avant », a-t-il avoué à la radio RCN.
Cette libération de policiers et militaires est accueillie comme un possible tournant pour les Farc, qui les ont toujours considérés jusqu'ici comme une monnaie d'échange pour les rebelles emprisonnés. Néanmoins, le président colombien Juan Manuel Santos a réaffirmé que cet engagement était « insuffisant », même s'il a assuré « partager la joie des libérations » de lundi, lors d'une brève allocution télévisée. De plus, le gouvernement exige la fin des attaques ou des attentats qui ont connu une recrudescence dans le pays, ainsi que l'arrêt du recrutement de mineurs.
Fondée en 1964 pour défendre les petits paysans, la guérilla des Farc compte encore 9.000 combattants. Le groupe rebelle avait renoncé en février à la pratique des enlèvements contre rançon, qui assurait une partie de son financement, appelant à faire le « pari de la paix ».
Selon des associations colombiennes, les Farc détiendraient encore plus d'une centaine de personnes séquestrées. Interrogée sur cette question, Mme Cordoba, l'ex-élue de gauche déchue de son mandat pour ses liens présumés avec les Farc, a reconnu qu'il fallait « créer des instruments et mécanismes pour savoir quels sont les vrais chiffres ». Parallèlement, plus d'une soixantaine de guérilleros ont été abattus au cours des deux dernières semaines, un succès de l'armée qui n'a pas eu d'incidence sur les libérations promises.
Alexandra Gil
Sources : AFP
Crédit photo : AFP/Arrivée des otages libérés des Farc, à Villavicencio, le 2 avril 2012 en Colombie
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