À New Delhi, Priya Mahindroo, 25 ans, ne porte pas de casque quand elle se rend à moto à son travail. Pourtant la loi indienne oblige les hommes à en porter un, mais en tant que femme Priya, n’est pas obligée. Les observateurs jugent que cette loi n’est que le reflet des valeurs patriarcales de cette société où les garçons sont préférés aux filles. Pour l’écrivain Antara Dev Sen la législation illustre parfaitement la condition des femmes dans la société : « en Inde, les femmes sont programmées pour ne pas faire attention à elles ». En 2010 en Inde, 134 000 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route, soit 370 par jour. De nombreuses femmes ont été tuées ou blessées dans des accidents de deux-roues, victimes de traumatismes crâniens.
Pour les femmes comme Priya Mahindroo, les raisons de ne pas porter un casque restent esthétiques : « il défait ma coiffure » dit-elle simplement avant d’ajouter : « je ne porte pas de casque parce que j’ai l’impression de suffoquer quand j’en mets un, ça me tient chaud, donc je ne pense pas vraiment à la sécurité » finit-elle par avouer.
En 1988, la loi fédérale stipulait que tous les conducteurs de deux-roues devaient porter un casque. Mais la communauté sikh y a opposé un argument religieux : tout port de couvre-chef autre que le turban est interdit. Le gouvernement a ensuite décrété qu’il était impossible de différencier une femme sikh (qui ne porte que très rarement le turban) d’une non sikh. Le port du casque est donc devenu optionnel pour toutes les femmes.
Aujourd’hui de nombreuses voix commencent à s’élever pour défendre la sécurité des femmes indiennes. La police et des figures du milieu médical ont déposé une requête auprès de la Haute cour de Delhi. Le mois dernier le gouvernement de New Delhi a même durci la législation en matière de sécurité routière en augmentant le montant des amendes pour le port d’un casque non homologué. Une amélioration, mais pas de loi ferme sur le port du casque par toutes et tous, en partie par crainte d’un vote de protestation de la communauté sikh lors des prochaines élections locales.
Sarah Jumel
Crédit photo : iStockphoto
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