L’affaire de la crèche Baby Loup où une employée s’est estimée discriminée pour avoir été licenciée suite à son refus d’enlever son voile, et les verbalisations pour le port de voile intégral en société : ces affaires respectent-elles la législation de l’Union européenne (UE), qui interdit la discrimination fondée sur la religion ou les convictions dans le domaine de l’emploi ? C’est la question posée par Amnesty International qui a publié mardi matin un rapport sur les discriminations à l’encontre des musulmans en Europe dans le domaine de l’emploi et de l’éducation. Premiers concernés : la Belgique, l’Espagne, la France, les Pays-Bas et la Suisse.
Parmi les problèmes soulevés dans ce rapport, les interdictions systématiques de signes ou de vêtements religieux, qui mériteraient d’être « évaluées au cas par cas » : « les mesures d'interdiction totale risquent de compromettre l'accès à l'éducation des jeunes filles musulmanes et de porter atteinte à leur droit à la liberté d'expression et leur droit d'exprimer leurs convictions », estime Marco Perolini, d’Amnesty. Le rapport fait ainsi état de discriminations dans le domaine de l’emploi, soulignant des écarts au sein de la population féminine : aux Pays-Bas en 2006, 27% des femmes originaires du Maroc avaient un emploi, contre 56% des Néerlandaises de souche. Si le rapport admet que « ces chiffres sont dus à de nombreux facteurs, notamment un niveau d’études peu élevé et l’existence d’une barrière linguistique », il soutient que « la discrimination entre également en jeu (…) les femmes musulmanes en particulier sont victimes de discrimination sur le marché du travail, uniquement parce qu’ils ou elles portent un signe ou une tenue affichant leur religion ou leurs convictions ».
Le rapport dénonce aussi le non-respect de la liberté d’expression et de religion dans les pays où la construction de mosquées est limitée, voire bloquée. « Le droit de créer des lieux de culte fait l'objet de restrictions dans certains pays européens, bien que les États aient l'obligation de protéger, respecter et mettre en œuvre ce droit », dit le rapport, faisant allusion ensuite à l’interdiction de la construction de minarets en Suisse en 2010, mais aussi aux difficultés pour les musulmans de trouver des lieux de prière abrités en France ou en Espagne.
Alors qu’en France le Front National a réalisé un score historique au premier tour de l’élection présidentielle dimanche dernier, l’expert d’Amnesty International dénonce la responsabilité des partis face à la banalisation de l’islamophobie, qui « plutôt que de riposter à ces préjugés », les « encouragent bassement dans leur quête de voix électorales ».
Lire le rapport d’Amnesty international
Crédit photo : Amnesty international
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