Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone rendra aujourd’hui son verdict dans le procès de Charles Taylor. Président du Liberia de 1997 à 2003, il est jugé à La Haye pour onze chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, parmi lesquels le meurtre, les violences sexuelles, et les pillages commis entre 1996 et 2002 pendant la guerre civile en Sierra Leone. C’est lui qui a érigé en système l’enrôlement d’enfants-soldats, au Liberia puis en Sierra Leone. Enlevés de leur famille, drogués et formés pour semer la terreur dans la population, ils ont été les acteurs de la guerre civile la plus atroce que l’Afrique ait connue. Dans cette guerre l’ex-président du Liberia a prêté main forte aux rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), en leur fournissant des armes, en formant des soldats à des méthodes de guerre et d’exactions étrennées au Liberia, -massacres, viols, mutilations, tortures et cannibalisme – dans le but de mettre la main sur les diamants, appelés depuis « diamants de conflit ».
Charles Taylor a été arrêté en 2006, alors qu’il coulait une retraite paisible au Nigeria. Transféré de Freetown, capitale de la Sierra Leone, à La Haye pour ne pas menacer la paix d’un pays traumatisé par une guerre qui a fait 120 000 morts au total, son procès s’est ouvert en juin 2007. Charles Taylor y a plaidé non coupable, et s’est fendu d’un témoignage de plus de 80 heures pour clamer son innocence et récuser les accusations de cannibalisme portées contre lui. En août 2010, la mannequin Naomi Campbell et l’actrice Mia Farrow avaient même fait le déplacement aux Pays-Bas pour venir témoigner. Celles-ci ont en effet reçu des diamants de la main de Charles Taylor en 1997, lors d’un dîner organisé par Nelson Mandela en Afrique du Sud ; des diamants provenant directement des rebelles armés de la Sierra Leone.
A Freetown, huit accusés reconnus coupables de crimes contre l'humanité et crimes de guerre en Sierra Leone ont déjà été condamnés à des peines allant de 15 à 52 ans de prison.
Si les juges doivent se prononcer aujourd’hui sur la culpabilité de Charles Taylor, la peine retenue ne sera connue que d’ici quatre à huit semaines.
Crédit photo : LiberianNews
Une femme contre les criminels de guerre, entretien avec Céline Bardet
Serbie : Goran Hadzic sera jugé pour le massacre de Vukovar
Gbagbo incarcéré et remis à la Cour pénale internationale
Ratko Mladic : arrestation du « Boucher des Balkans » en Serbie
Angelina Jolie réalisatrice : « elle dénonce le viol comme arme de guerre »