Dans la traque des opposants au régime de Bachar Al-Assad, la justice militaire n’épargne pas les jeunes. Blogueurs, journalistes, activistes pacifiques, leur tort principal est de chercher à informer ou de distribuer des tracts. L’organisation Reporters sans frontières s’inquiète de leur sort dans un communiqué publié vendredi dernier. Ce lundi, Yara Shammas, 21 ans, a été libérée sous caution jusqu'à son procès, d’après maître Bounni, son avocat, spécialiste des droits de l’Homme. Arrêtée le 7 mars à Damas dans un café, avec onze autres activistes, elle a été transférée dans une prison à Homs. Neuf chefs d’accusation ont été retenus contre elle, dont ceux de « propagation d'informations mensongères » et « appartenance à une organisation secrète », pour lesquels elle risque la peine de mort. Selon M. Bounni, « ce qui est en train d’arriver à Yara Shammas est clairement une façon de faire pression sur l’avocat Michel Shammas », son père, avocat défenseur des droits de l’Homme.
Samedi dernier, huit autre jeunes militants ont été inculpés et traduits devant la justice militaire. Ils avaient été arrêtés le 16 février dernier lors d’une intrusion des services de sécurité dans le Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, un organe de presse dirigé par Mazen Darwich. Lui et ses journalistes sont poursuivis pour « publication et distribution de tracts interdits conformément à la clause 148 de la loi pénale militaire » et risquent jusqu'à cinq ans de prison, a indiqué M. Bounni. Parmi eux la blogueuse Razan Ghazzawi, l'un des symboles de la contestation.
Quatre autres étudiants ont été arrêtés dimanche par les services de sécurité lors d'un sit-in pour demander « l'arrêt des tueries » devant la faculté d'économie de Damas. Reporters sans frontières appelle sur son site à la « libération immédiate de tous les professionnels de l’information, citoyens-journalistes et net-citoyens emprisonnés par le régime », rappelant dans la foulée que le plan de Kofi Annan, émissaire de l’ONU, pour rétablir la paix en Syrie, censé être appliqué par le régime syrien, prévoit « la libération de tous les prisonniers d’opinion ».
Crédit photo : AFP
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