L’opposante birmane Aung San Suu Kyi a finalement décidé d’accepter de prêter serment devant le Parlement birman, afin de devenir officiellement députée. La semaine dernière, Suu Kyi et son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) avaient annoncé le boycott du Parlement en raison de ce serment qui impose aux élus de jurer de « protéger » la Constitution en place. « La dame de Rangoun » avait proposé de remplacer le terme « protéger » par « respecter », afin de se ménager la possibilité de faire changer la Constitution appliquée depuis 2008 qui réserve un quart des sièges des assemblées à l’armée, et lui accorde des pouvoirs considérables.
Le prix Nobel de la paix et le groupe d’une trentaine de députés de la LND élus le 1er avril dernier se sont aussi engagés ce matin, devant le Président de la chambre basse, l'ancien général Shwe Mann, à être « loyaux à la République de l’Union de Birmanie », et à « tenir en estime la non-désintégration de cette Union ».
En prêtant serment, Aung San Suu Kyi a finalement cédé à une loi du régime du Président Thein Sein afin de ne pas compromettre la transition démocratique du pays engagée depuis un an. « Nous avons toujours cru en la flexibilité dans le processus politique », a-t-elle déclaré pour justifier sa décision. « C'est notre seul moyen d'atteindre nos objectifs sans violence. » Celle qui a passé plus de 16 années assignée à résidence par la junte militaire continue de défendre coûte que coûte une ligne pacifiste. « Le compromis fait désormais partie de sa panoplie politique », analyse Renaud Egreteau, chercheur à l'université de Hong Kong. En effet depuis le changement de gouvernement en mars 2011 pour un régime dit « civil » composé d’anciens militaires, elle tâche de soutenir le processus d’ouverture du pays : libération de journalistes et de prisonniers politiques, ouverture des élections à la LND, etc. Des réformes qui ont poussé l'Occident à mettre un terme à l'isolement diplomatique de la Birmanie. L'UE a suspendu pour un an ses sanctions politiques et économiques, excepté l'embargo sur les armes. De leur côté les États-Unis ont diminué leurs restrictions aux investissements et promis de nommer un ambassadeur.
Mardi, la décision de la dirigeante de la LND a été saluée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, en visite sur place, il a rendu hommage à sa « flexibilité ». Le département d’État américain a vu dans ce geste un « signe encourageant » d’un dialogue politique apaisé en Birmanie.
Crédit photo : AFP
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