Chen Guangcheng ne veut plus risquer sa vie en Chine. Le célèbre avocat militant pour les droits de l’Homme a lancé un appel à l’aide au président américain Barack Obama, dans un bref entretien au téléphone diffusé sur CNN mercredi, « J'aimerais dire au président Obama : je vous en prie, faites tout ce que vous pouvez pour que notre famille puisse partir ». Il se trouvait alors dans son lit d’hôpital à Pékin, où il avait été admis le matin même après avoir quitté l’ambassade des États-Unis.
Tout commence il y a dix jours, lorsque l'avocat aveugle parvient à s’échapper de sa résidence surveillée dans la province du Shandong (est de la Chine). Chen Guangcheng y subit les sévices des autorités locales depuis 19 mois, sans possibilité de contact avec son épouse et ses deux enfants. Surnommé « l’avocat aux pieds nus », autodidacte et aveugle, Chen s’est rendu célèbre en défendant les droits humains en milieu rural, et en dénonçant en particulier les avortements et stérilisations forcées dont sont victimes les femmes. Son engagement lui a déjà coûté quatre années de prison avant l’assignation à résidence.
Le 25 avril dernier, Chen trouvait refuge à l’ambassade des États-Unis à Pékin, déclenchant une discussion tendue entre les autorités chinoises et les diplomates américains, qui sont finalement parvenus à un arrangement pour garantir la liberté et la sécurité du dissident et de sa famille. Il serait autorisé à résider avec toute sa famille en Chine, en dehors de la province du Shandong, pourrait s’inscrire à l’université pour y obtenir un diplôme de droit officiel, et ne pourrait plus être poursuivi pour des faits antérieurs. Les autorités de Pékin, cherchant à se décharger de la responsabilité des mauvais traitements infligés à l’avocat, ont promis d’enquêter sur les éventuelles fautes des autorités locales de la province du Shandong.
Mais cet accord n'a pas convaincu l’avocat. Après avoir quitté de son plein gré l’ambassade pour rejoindre sa femme et ses enfants dans un hôpital de Pékin, il s’est dit finalement inquiet pour sa sécurité. Dans un entretien avec CNN, il a expliqué qu'il n'avait pas toutes les informations en mains quand il a accepté de quitter l'ambassade et qu’il craignait d'être renvoyé à son domicile du Shandong (est). « L'ambassade a passé son temps à m'inciter à quitter les lieux et a promis que des gens resteraient avec moi à l'hôpital. Mais quand je suis entré dans ma chambre d'hôpital cet après-midi, j'ai constaté qu'ils étaient tous partis », a-t-il déclaré. Ce à quoi l’ambassadeur des États-Unis Gary Locke a répondu en assurant que Chen n’avait pas été poussé à partir de l’ambassade, et qu’il avait été entendu parlant au téléphone avec sa femme et exprimant le désir de la rejoindre. Un responsable américain anonyme cité par l’AFP a par ailleurs assuré que son pays aiderait le militant des droits de l’Homme, « Nous ferons tout notre possible pour l'aider à arriver à ses fins », a-t-il assuré à l’AFP, sans toutefois aller jusqu’à promettre un asile politique.
Crédit photo : AFP
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