Les Algériens sont loin d'être captivés par les élections législatives. En 2007, pour le même scrutin, une élection à la proportionnelle à un tour, le taux de participation s’était élevé à 37%. Ce matin, à 10 heures, deux heures après l'ouverture des bureaux de vote, la participation était de 4,11% contre 6,75% en 2007. Une mobilisation relativement faible alors que le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, a appelé ses concitoyens à se rendre aux urnes, et notamment les jeunes pour que « l’ancienne génération passe le flambeau ».
Un renouvellement payé au prix fort
Abdelaziz Bouteflika, 75 ans dont 13 années à la tête du pays, a lancé un programme de réformes sociales pour le pays. Après plusieurs années de guerre civile et de contestations qui ont fait près de 200 000 morts et dont le dernier pic remonte à janvier 2011 durant les révolutions arabes en Tunisie, en Égypte ou en Libye, il considère que « sa génération a fait son temps ». Une génération sous l’égide du Front de Libération nationale (FLN), le parti présidentiel, qui pourrait passer la main aux islamistes modérés du groupe « Algérie verte ». En 2007, le FLN avait obtenu 136 sièges contre 59 aux islamistes, sur les 389 que comportaient alors l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il y a 462 sièges à pourvoir et près de 25 000 candidats appartenant à 44 partis différents dont 7 se revendiquent islamistes.
La poussée de l’islamisme modéré
Comme dans les pays frontaliers et notamment en Tunisie, l'Algérie enregistre une montée de l’adhésion aux partis islamistes modérés. Les trois principaux, que sont le Mouvement de la société pour la paix (MSP), Ennahda (Mouvement de la Renaissance) et El Islah (Mouvement pour la réforme nationale), rassemblés dans l’alliance « Algérie verte », sont confiants quant à leurs résultats : « Nous sommes certains de notre victoire que ce soit par KO ou par les poings » a affirmé Bouguerra Soltani du MSP, qui est convaincu de constituer une force à part entière dans le pays après ces élections. Malgré les 500 observateurs étrangers invités par le président Bouteflika pour assurer un scrutin transparent et parer à toute accusation de fraude, les opposants du parti au pouvoir et notamment les islamistes, craignent un bourrage des urnes alors que 4 millions de nouveaux électeurs sont apparus sur les listes cette année.
Les résultats définitifs devraient être connus demain mais le taux de participation pourrait être donné dans la soirée après la fermeture des bureaux de vote à 19 heures.
Laure Gamaury
Avec AFP
Crédit photo : YouTube/Al Jazeera English
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