En pleine crise de la zone euro, la Grèce fait face à d’importants désaccords à la tête de l'État. Le 6 mai dernier, les électeurs sont allés voter pour élire leurs trois cents députés et ainsi orienter le chef de l’État, Carolos Papoulias, dans son choix de gouvernement. Résultat, le parti socialiste, le Pasok, s’est effondré récoltant moins de 14% des voix et la formation arrivée en tête, le parti conservateur Nouvelle Démocratie n’a réuni que 20% des voix. Impossible donc de constituer un gouvernement majoritaire, ne restait plus que la solution de la coalition. Or depuis l’élection, aucun accord n’a vu le jour, les partis politiques grecs étant partagés entre les aides de l’UE et du FMI et un rejet total de leurs mesures d’austérité. Carolos Papoulias a tenté hier, dans un dernier élan, de constituer un gouvernement de technocrates pour faire face à la crise en acceptant la politique d’austérité mais il a échoué. Les Grecs devront donc retourner aux urnes, risquant du même coup une sortie de la zone euro si les partis opposés à l’austérité remportaient la majorité. Néanmoins, selon les derniers sondages, 80% d’entre eux souhaitent rester dans la zone euro.
Dès l’annonce du renoncement du chef de l’État grec et de la tenue de nouvelles élections, l’euro enregistrait une forte baisse, passant sous la barre des 1,28 dollars, son niveau le plus faible depuis le 18 janvier. Et hier lors d’un sommet de l’Eurogroupe à Bruxelles, la question de la sortie de la zone euro de la Grèce n’était plus un tabou chez les ministres des Finances des pays membres même si la plupart s’y sont formellement opposés. Le nouveau gouvernement de la France n’a pas encore donné son avis mais il devrait rallier l’Allemagne, l’Irlande et la Belgique, notamment, qui continuent à soutenir coûte que coûte la Grèce. Un choix qui serait avant tout financier : en cas de sortie de la Grèce de la zone euro, la France pourrait perdre plus de 60 milliards d’euros.
Carolos Papoulias doit constituer un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes dès demain mercredi, pour assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections législatives qui devraient se tenir le 17 juin prochain. Et l’Assemblée élue le 6 mai sera dissoute dès jeudi lors de sa première réunion.
Laure Gamaury
Avec AFP
Crédit photo : AFP
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